Ça saute au yeux: les créateurs de Michael Jackson:The Immortal Tour sont des fans du chanteur. Plusieurs d'entre eux étaient même des collaborateurs et amis de la star. Après une courte visite des coulisses, on comprend que ce Tour visait à «restituer la mémoire» d'un artiste d'exception dont les dernières années de vie étaient tout sauf glorieuses.

Daniel Lamarre était soulagé après la première de Michael Jackson: The Immortal Tour, dimanche soir. D'abord soulagé de voir la réaction de la famille Jackson (les frères Tito, Jackie et Marlon, les trois enfants et la mère de Michael), assise à côté de lui. «Jackie nous a sauté dans les bras avant même la fin du spectacle, a-t-il confié à La Presse après la représentation. Toute la famille était super contente. Dans les coulisses, c'était la fête! Le directeur musical, Greg Phillinganes, était ému. Il nous a dit: «Il était avec nous ce soir.»»

L'autre inquiétude du PDG du Cirque du Soleil était bien sûr la réaction du public.

«C'est toujours impressionnant de présenter un spectacle devant près de 15 000 personnes, a-t-il dit. Mais j'ai senti le public enthousiaste. Vous savez, la pression était vraiment forte. De toucher au roi de la pop, de faire un concert rock - une première pour le Cirque -, mais sans la vedette principale, ça n'a pas été facile.» Daniel Lamarre insiste sur ces groupes de fans qui ont vu le spectacle il y a deux semaines, à l'invitation du Cirque. «Vous savez, ils représentent plus de 30 millions de fans de MJ! Nous les avons écoutés, et avons fait de petits ajustements. Ces super fans connaissent bien l'oeuvre de MJ.»

Mais ne vous attendez pas à voir un show typique du Cirque du Soleil. Ici, le cirque a créé un spectacle éminemment musical. Le metteur en scène Jamie King est catégorique: The Immortal Tour devait être porté par la musique de Michael. «Notre objectif premier était de faire un show musical», a expliqué celui qui a notamment mis en scène des spectacles de Madonna, Rihanna et Céline Dion. Tout le reste - la trame narrative, les projections, la danse et le cirque - a été intégré à la proposition musicale. Pour la manière, le mot d'ordre de Jamie King aux 65 artistes était: «Faites-le comme Mike.»

On l'a déjà mentionné, plusieurs des créateurs de cet Immortal Tour avaient déjà travaillé avec le «roi de la pop», à commencer par Jamie King, qui a dansé dans la tournée Dangerous. Certains ont d'ailleurs collaboré au spectacle de la tournée This Is It, qui n'a jamais vu le jour.

Les artisans du spectacle Immortal Tour, que La Presse a rencontrés hier, du costumier Zaldy Goco au directeur musical Greg Phillinganes, en passant par les chorégraphes Travis Payne et les frères Rich et Tone Talauega, ont tous voulu rendre hommage à MJ. Tous parlent d'une «célébration d'héritage» et même d'un exercice visant à «restituer sa mémoire».

«Nous avons perdu un frère, un mentor et un père, a confié le chorégraphe Travis Payne, qui a travaillé avec MJ pendant 15 ans, notamment sur la tournée HIStory. Nous sommes contents d'avoir pu faire ce show-là, même si ç'a été difficile sur le plan émotif. Le plus difficile a certainement été de le faire sans Michael. Mais je pense que nous l'avons bien représenté. Michael appréciait l'esthétique du cirque, l'univers du mime. C'était donc un très bon match avec le Cirque du Soleil.»

Table rase

Le concepteur des costumes, Zaldy Goco, qui a supervisé la confection des quelque 250 costumes, a travaillé dans le même sens. Il avait fait tous les costumes de la tournée This Is It. Mais il n'était pas question pour lui de réutiliser ses étoffes. «Michael n'aurait pas aimé ça. C'est un nouveau projet, on a fait table rase. Michael aimait tout ce qui brillait, tout ce qui pétillait, tout ce qui explosait, comme les spectacles pyrotechniques. Il y a donc beaucoup de tout ça dans le spectacle. Nous avons conçu plusieurs costumes avec de petites ampoules LED, qui sont activées à distance. C'est sûr qu'il aurait tripé

Michael Curry est l'artiste-sculpteur et accessoiriste qui a construit l'automate téléguidé représentant MJ enfant, bien installé dans la nacelle d'une montgolfière qui pèse à peine 7 livres et qui survole l'amphithéâtre pendant la pièce Childhood. C'est aussi lui qui a construit un chapeau et un gant géants, ainsi que des chaussures gigantesques dans lesquelles deux danseurs jumeaux font un numéro. Lui encore qui a construit les éléphants que nous voyons sur scène: «C'est un clin d'oeil à l'éléphant Gypsie que Michael a reçu en cadeau d'Elizabeth Taylor. Nous voulions absolument qu'il soit représenté sur scène.»

Hommage, donc, d'une bande de fans à une autre. Et à la fin, un spectacle qui, pour reprendre les mots de Greg Phillinganes, est «plus grand qu'un spectacle de cirque, plus grand que nous. Surtout, qui réhabilite la mémoire de Michael».