Dans les derniers mois, le metteur en scène Robert Lepage a rempli d'eau des fosses d'orchestre de Toronto et de France, amorcé un cycle du Ring à l'Opéra Métropolitain de New York et présenté en tournée une pièce de neuf heures, pour ne nommer que quelques projets.

Son horaire de 2011 semble tout aussi rempli, avec de nombreux projets audacieux présentés de manière non traditionnelle à travers le monde.

Le travail du metteur en scène québécois crée une frénésie dans les milieux de l'opéra et du théâtre, et ce, à un moment crucial, selon des administrateurs du milieu artistique.

«Il permet certainement à un nouveau public d'apprécier l'opéra», croit Peter Gelb, directeur général de l'Opéra Métropolitain où Lepage a lancé un cycle du Ring, de Richard Wagner, en septembre, avec une énorme machine scénique de 45 tonnes, des planches rotatives et des projections et éclairages spectaculaires.

«L'opéra est une forme d'art vieillissante et est en danger de perdre son public, à moins que les metteurs en scène arrivent à créer de nouvelles productions de ces oeuvres classiques pouvant stimuler un public contemporain et attirer du même coup de nouveaux spectateurs à l'opéra», ajoute Gelb. «Sans Robert Lepage et certains de ses collègues, qui font aussi du bon travail au théâtre et que j'essaie de convaincre de travailler au Met, nos perspectives d'avenir ne seraient pas aussi reluisantes.»

Lepage, fondateur de la compagnie de production multidisciplinaire Ex Machina, a aussi fait des vagues, littéralement, avec Le Rossignol et autres fables, qui met en scène des ombrages dans une fosse d'orchestre remplie de 67 000 litres d'eau.

D'abord présentée par la Canadian Opera Company (COC) en octobre 2009, la production s'est transportée à Aix-en-Provence, en France, en juillet dernier, et sera présentée à New York en mars.

«Il a un style si spécial qui est vraiment très personnel, a souligné le directeur général de la COC, Alexander Neef. Ce qui a fait du Rossignol un succès est le fait que les gens étaient tout simplement enchantés, assis dans la salle à regarder le spectacle.»

Metteur en scène, artiste de scène, dramaturge, acteur et cinéaste, Lepage, 53 ans, utilise l'histoire contemporaine comme source d'inspiration et les nouvelles technologies comme outils pour raconter ses histoires.

Tôt dans sa carrière, il a reçu des éloges pour des pièces comme Le Polygraphe, et plus tard, pour le spectacle Ka, avec le Cirque du Soleil, et sa collaboration à deux tournées de Peter Gabriel.

Ses autres projets récents incluent la tournée Totem du Cirque du Soleil, qui reviendra en Amérique du Nord l'an prochain, sa tournée Eonnagata et sa pièce multilingue de neuf heures, Lipsynch.

«Je me suis toujours permis d'être libre dans ce que je fais et je ne me force jamais (à faire quelque chose), a dit Lepage. Je n'ai jamais vraiment eu de carrière, j'ai eu un processus et c'est tout.»