Pour sa deuxième mise en scène, Patrice Coquereau dirige Didier Lucien et Mario Morin dans Cravate Club, un huis clos sur l'amitié et l'engagement.

Rumeurs, Le coeur a ses raisons, 3600 secondes d'extase: d'un point de vue de téléspectateur, Patrice Coquereau est d'abord un acteur comique disposé à se prêter aux jeux les plus abracadabrants. Ceux qui l'ont déjà vu au théâtre savent qu'il est aussi capable d'autant de justesse dans des rôles beaucoup plus dramatiques. Avec Cravate Club, le comédien se transforme en directeur d'acteurs.

Patrice Coquereau n'en est pas à sa première mise en scène. En 2007, il a dirigé Lucidité passagère, à la demande expresse de Martin Bilodeau (l'auteur) et de Marie Turgeon, l'une de ses partenaires de jeu dans Rumeurs. Pour Cravate Club, c'est un peu la même histoire: c'est le comédien Mario Morin qui a mis en branle le projet et lui a demandé de monter cette pièce du dramaturge français Fabrice Roger-Lacan.

Un peu plus et on croirait que l'acteur s'adonne à la mise en scène seulement parce qu'on l'y force. Les propositions sont venues d'ailleurs, convient-il, mais le désir se manifestait de plus en plus. «J'en ai une autre qui s'en vient à l'été», ajoute le comédien, parlant de La déprime, qu'il montera à Châteauguay. Il caresse également le projet d'un spectacle solo vers 2013.

«C'est un terrain de jeu extraordinaire, la mise en scène. Ce n'est pas un terrain d'enjeu», expose-t-il. Dans la notion d'enjeu, il y a l'idée de gagner ou de perdre. Or, il ne voit pas les choses de cette façon. Mettre en scène, écrire, jouer, mettre surpied des projets correspond à un désir de se «commettre» et à une volonté ferme et neuve «de ne pas attendre». Ludik Théâtre monte d'ailleurs ce spectacle sans aucune subvention.

Patrice Coquereau plaide pour l'engagement. C'est d'ailleurs l'une des choses dont il est question dans Cravate Club. Dans ce huis clos interprété par Didier Lucien (Bernard) et Mario Morin (Adrien), deux vieux copains remettent en question leur amitié à la suite d'un aveu apparemment banal: si Adrien ne peut assister au 40e anniversaire de Bernard, c'est qu'il ne veut pas manquer la rencontre mensuelle d'un club secret dont il fait partie...

Bernard est bien sûr heurté de n'avoir pas été mis au courant plus tôt de l'existence de ce club, et surtout de ne pas avoir su que son meilleur ami en faisait partie. «Bernard est plus dans la norme, avec femme et enfants. Le secret d'Adrien déclenche une remise en question de ses choix, de sa vie», détaille Patrice Coquereau.

À travers ce conflit, la pièce interroge la dynamique complexe de l'amitié et le besoin qu'on a d'être conforté dans nos choix. Elle met aussi au jour ces sentiments plus ou moins nobles qui s'immiscent parfois dans nos relations avec les autres: envie, dépendance, crainte, émulation, etc. Cravate Club, à travers la petite trahison d'Adrien et la nécessité de clarifier les choses qui s'impose aux deux amis, met face, finalement, à une quête de sens et d'essence.

Cravate Club, du 15 au 23 décembre à la Cinquième salle de la Place des Arts.