La comédie musicale Le petit Roy, inspirée des chansons de Jean-Pierre Ferland, sera créée l'été prochain au Festival Juste pour rire. Cette production dotée d'un budget d'environ 4 millions de dollars mettra en vedette Serge Postigo, qui en signera également la mise en scène.

L'ex-journaliste Benoît L'Herbier a commencé à plancher sur une histoire dramatique dans laquelle il intégrerait des chansons québécoises connues après avoir vu la comédie musicale Mamma Mia!. Il a vite opté pour les chansons de Jean-Pierre Ferland, surtout qu'il a trouvé dans l'une d'elles, Quand on aime on a toujours 20 ans, le déclencheur de son histoire: «Un homme qui en tue un autre d'un coup de couteau dans le dos. Je me suis demandé: qui a tué qui, où, quand, comment et pourquoi?»

Avec l'aide de Robert Marien, «une sommité en matière de comédie musicale», L'Herbier a créé des personnages qui ont pour nom Monsieur Gobeil, le gardien de prison, et Gerry The Cat Fontaine, du Chat du café des artistes, mais surtout J.P. (Jean-Philippe) Roy qui a tué par amour pour Simone, la prostituée. L'histoire commence dans les années 70 quand J.P. sort de prison où il a purgé une sentence de 20 ans. Il se remémore sa vie, de son enfance à ses années à l'ombre sans aucun contact avec Simone, premier amour de sa vie.

L'Herbier et Marien ont frappé à plusieurs portes avant que Juste pour rire ne soit séduit par une version concert du Petit Roy sous le chapiteau du Festival des arts de Saint-Sauveur, il y a deux ans. «Il y avait 800 spectateurs et on ne s'est pas rendu à la fin tellement il y avait des ovations», se souvient Lucie Rozon, qui s'y était rendue avec sa soeur jumelle Luce à l'invitation de Jean Bissonnette, pionnier de la télé. Par la suite, Juste pour rire s'est associée à deux autres maisons de production: Encore, dirigée par le frère François Rozon, et Copa, dont le producteur Allan Sandler a une vaste expérience de la comédie musicale (Chicago, Grease).

Serge Postigo s'est joint à l'aventure à titre de metteur en scène il y a un peu plus d'un an. Quand Robert Marien, qui devait incarner Jean-Philippe, a voulu continuer à chanter dans La mélodie du bonheur, Postigo s'est vu offrir le rôle qu'il a d'abord refusé. Puis il s'est laissé convaincre quand L'Herbier et Marien lui ont confié qu'ils avaient écrit ce rôle avec lui en tête. Postigo a vécu pareille expérience bicéphale dans Boeing Boeing.

La bénédiction de Ferland

Jean-Pierre Ferland a lu le livret de 127 pages il y a quelques années déjà. Pour L'Herbier, un tel projet aurait été impensable si le grand de la chanson ne lui avait pas donné sa bénédiction. «J'ai tellement eu peur que mes chansons ne fassent pas le poids que je leur ai tout donné, se souvient Ferland sans fausse modestie. J'ai vécu un gros échec avec (la comédie musicale) Gala et je suis en train de faire Madame Simpson. S'ils ont un échec avec mes chansons, je ne m'en remettrai pas», ajoute l'éternel anxieux.

Mais voilà, les chansons du Petit Roy sont déjà chéries par un vaste public et Ferland aime la mode actuelle des comédies musicales faites à partir de chansons connues (ABBA, Aznavour, Beau Dommage). Plus encore, Postigo l'a vraiment convaincu quand il lui a exposé sa vision du spectacle il y a un an.

Ferland aurait aimé qu'on intègre au Petit Roy d'autres chansons comme Je ne veux pas dormir ce soir et La musique, mais pour les auteurs et le metteur en scène, les chansons doivent d'abord servir l'histoire. «À la limite, on pourrait jouer la pièce sans chansons et ça fonctionnerait bien, affirme Postigo. C'est un texte de théâtre avec des chansons qui viennent appuyer l'action et souligner l'émotion d'une scène, dans la tradition du West End de Londres et de Broadway. Ce n'est pas une revue musicale de l'oeuvre de monsieur Ferland.»

La plupart des acteurs-chanteurs et des artisans du Petit Roy ont assisté à la conférence de presse d'hier, dont Normand Lévesque, Renaud Paradis, Luc Proulx et Roger La Rue ainsi que Patricia Ruel (décors et accessoires), une habituée du Cirque du Soleil. Le directeur musical sera confirmé sous peu, nous dit Postigo, qui a recruté des acteurs de métier mais a fait une exception pour la chanteuse Geneviève Jodoin, que l'on connaît par l'émission Belle et Bum, et qui incarnera Simone: «Geneviève est une grande interprète et son rôle est presque toujours chanté.»

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Le petit Roy, au Théâtre St-Denis, du 5 au 16 juillet 2011. Les billets pour ces représentations sont déjà en vente.