Chaque nouvelle création de Jasmine Dubé suscite beaucoup d'intérêt dans le petit monde du théâtre jeunesse. Cette semaine, la cofondatrice des Bouches décousues, qui vient de souffler ses 25 bougies, nous présente le dernier volet de son triptyque sur les jardins d'enfants.

En franchissant le cap de ses 50 ans, Jasmine Dubé souhaitait faire «un tour de jardin», un bilan si on veut de toutes ses créations auprès d'un jeune public qu'elle a touché au fil des ans avec des pièces marquantes et pleines de tendresse comme Le bain, Petit monstre, La couturière, Léon le nul, etc.

«Je rêvais de décrire un jardin d'enfants à l'image de tous ceux que j'ai rencontrés depuis 30 ans, nous avait-elle alors confié. Enfants curieux, craintifs, tendres, marginaux, rieurs, tristes. Ces enfants qui ont été blessés, qui ont manqué d'eau, d'air, de soins, de lumière; ceux qu'on a étouffés.»

C'est dans cet esprit qu'elle a écrit la pièce Les mauvaises herbes, créée l'an dernier à la Maison Théâtre dans une mise en scène remarquable de Benoît Vermeulen. Mais de cette pièce, destinée aux enfants de 8 à 12 ans, sont nées deux autres: Marguerite, créée pour les tout-petits de 18 mois, et Ginkgo la jardinière, une fable musicale qui s'adresse aux enfants de 4 à 8 ans.

Cette nouvelle pièce, dans laquelle Jasmine Dubé tient le rôle principal, fait le récit d'une jardinière affairée à soigner son arbre, un ginkgo biloba, et à veiller, au gré des saisons, à son bien-être. «Les trois jardins d'enfants sont maintenant en vie», se réjouit Jasmine Dubé.

Jouée une dizaine de fois le printemps dernier au festival Petits bonheurs, Ginkgo et la jardinière a été coproduite avec le Théâtre Maât, compagnie belge qui a présenté ici il y a quelques années sa très belle pièce musicale Le saut de l'ange.

Ceux qui connaissent l'univers de Jasmine Dubé savent à quel point elle aime jouer avec les mots qui colorent ses textes «exigeants», à la fois ludiques et poétiques. Avec le Théâtre Maât, qui a produit de nombreux spectacles musicaux sans paroles, il semble y avoir eu une véritable complémentarité.

«C'est la rencontre des mots et de la musique, du Québec et de la Belgique, nous a confié Jasmine Dubé à quelques jours de la première de Ginkgo. Aujourd'hui je ne peux pas voir la musique autrement que jouée sur scène, live.»

C'était la grande force du Saut de l'ange. Ce l'est également pour Ginkgo, où deux musiciens - un contrebassiste et une flutiste - qui représentent le jardin sont en dialogue avec la jardinière.

La mise en scène est assurée par le fondateur du Maât, Hadi El Gammal, qui a composé la musique de Ginkgo. Un livre-disque de la pièce a également été lancé jeudi dernier. Et la pièce sera jouée en Belgique en décembre à la Montagne magique, à Bruxelles.

Les trois pièces de ce «jardin d'enfants» seront jouées cette année, à divers moments, question de marquer le coup des 25 ans des Bouches décousues, auquel on rendra d'ailleurs hommage lors des 11es Coups de théâtre, au mois de novembre.

Ceux qui ont raté les Mauvaises herbes pourront se reprendre le 20 novembre - Journée internationale de l'enfant - à la maison de la culture Frontenac, alors que les Coups de théâtre batteront leur plein.

Ginkgo et la jardinière, à la Maison Théâtre jusqu'au 31 octobre.