Pour son quatrième one man show, Mario Jean sort les griffes. Juste un peu. Il parle d'insomnie, de politique, de chauffards, d'hypersexualisation, de bouffe et d'autres choses qui testent sa patience. Mais sans complètement perdre sa bonhommie. «Écoute, je ne serai jamais Mike Ward», dit-il.

Quand on pense à l'irrévérence, Mario Jean n'est pas le premier nom qui vient en tête. Cela se confirme à notre rencontre dans un bistro du centre-ville.

Le natif de Chicoutimi est très affable, sans s'efforcer de nous faire rire. Il parle calmement de son nouveau spectacle, un peu comme s'il décrivait une nouvelle saveur de chips au vinaigre. Peut-être est-ce à cause de cette façade qu'on oublie que ses textes ne sont pas édentés.

«J'ai toujours été plus bitch que les gens le pensent, acquiesce-t-il. Et cette fois, je vais encore plus loin. Mais avec ma personnalité, je ne peux pas me permettre de dépasser certaines limites. Je fais attention, la ligne entre l'audace et la vulgarité est mince.»

Où se situe-t-elle? «Par exemple, dans le numéro sur l'hypersexualisation, je peux dire éjaculer, mais pas «venir dans face».»

Pas de changement radical de ton ou d'image, donc. Le léger virage est venu naturellement. Jean a écrit seul environ 95% des gags du nouveau spectacle, ce qui l'a mené à délaisser des personnages comme celui du camelot pour mieux parler au «je» de thèmes qui le touchent.

Parmi eux, la relation avec sa mère. Il simule une conversation téléphonique où amour, culpabilité et inquiétude se mélangent pendant quelques trop brèves minutes. «Je ne voulais pas parler de moi pour parler de moi, précise-t-il. Le numéro s'inspire de mon vécu, mais j'invente aussi pour que ça touche tout le monde. Ça passe mieux quand c'est moi qui gaffe et qui paraît imbécile.»

Un seul numéro détonne au milieu des autres: celui où il se déguise en marionnette pour donner des conseils aux chauffards. «J'ai lu dans le journal qu'un gars s'est fait arrêter 18 fois pour conduite en état d'ébriété. 18 fois! Alors je parle à un niveau que même lui pourrait comprendre.»

La simplicité comme vertu

Le nouveau spectacle n'a pas d'entracte. «Je pense que je suis un humoriste établi, laisse-t-il échapper, un peu gêné, comme s'il attendait notre approbation. Je peux maintenant me permettre ce petit caprice.» En interview il y a huit ans, Mario Jean avait choisi ce mot pour résumer sa carrière: simplicité. Son spectacle précédent s'intitulait d'ailleurs Simplement Mario.

Pourquoi cette modeste quête? «Il ne faut pas toujours viser le profond, répond-il. Divertir les gens, les aider à mettre leur switch à off en fin de journée, c'est important aussi. Faire de la radio m'a aidé à comprendre ça. J'avais un contact direct avec le gars ou la femme qui est bloqué sur les ponts, qui cherche un garage pour poser ses pneus d'hiver, qui se tape une longue journée de travail avant de retourner à la maison s'occuper des devoirs des enfants et du ménage. Ça n'arrête pas. Je trouve que les artistes sont trop souvent perdus dans leur petit processus de création. Pour moi, voir un couple qui se donne un coup de coude en riant, c'est l'ultime récompense.»

Mario Jean, du 17 au 21 novembre à la salle Maisonneuve de la PDA.