Trois metteurs en scène qui se connaissent peu, six jeunes comédiens et un thème imposé. L'argument de départ de Rêves, chimères et mascarade se lit comme un carton de jeu de la Ligue nationale d'improvisation. Mais tout ça se passe chez Omnibus.

De nombreux spectacles naissent du désir qu'ont des créateurs de mettre leurs univers en commun. Rêves, chimères et mascarade, c'est exactement l'inverse. Ses trois maîtres d'oeuvre, Réal Bossé, Pascal Contamine et Christian Leblanc, ne se connaissaient à peu près pas avant de se mettre au travail et doivent leur rencontre à Jean Asselin.

 

Le directeur artistique d'Omnibus les a réunis, leur a proposé un thème et leur a donné carte blanche. «C'est vraiment un blind date artistique assez fou», juge Pascal Contamine. Christian Leblanc et Réal Bossé acquiescent. «On a essayé de l'éviter», avoue d'ailleurs ce dernier. Un peu par réflexe («On a l'habitude de travailler chacun dans son univers», dit-il) et aussi parce qu'il n'est pas nécessairement facile d'inventer un spectacle à trois têtes.

La preuve, malgré leur enthousiasme, ils marchent encore sur des oeufs au moment d'en expliciter le thème et la structure. «C'est une structure qui peut se rapprocher d'Un chien andalou de Bunuel et Dali, avance Pascal Contamine. Est-ce qu'on est à l'aise avec ça?» Les deux autres éclatent de rire et acquiescent. Encore une fois. Il faut donc s'attendre à un univers onirique axé sur le langage du corps, marqué par des ruptures de ton et des changements d'univers pas toujours logiques.

Le point de départ du spectacle («la matière première», dit Réal Bossé), ce sont les six jeunes acteurs rompus à l'art du mime choisis conjointement par les trois metteurs en scène. «Ils ont en moyenne 22 ans, c'est une génération qui a ses problèmes et ses soucis», signale Christian Leblanc. Partant d'improvisations, ses acolytes et lui ont tenté de dégager les rêves, les espoirs et les désillusions de cette génération-là.

Pascal Contamine ajoute que le spectacle s'appuie entre autres sur l'idée d'un certain «effritement» de la société. «De ses valeurs comme de ses infrastructures», précise-t-il, en évoquant ces viaducs qui tombent et cette jeune femme tuée par un bloc de béton qui s'est détaché d'un immeuble cet été.

Mais malgré la conscience sociale qui peut tuer toute naïveté, malgré le «mensonge accepté de tous» qui peut mener au cynisme (le côté mascarade), il reste encore le rêve. Sans doute plus difficile à porter, «mais sûrement plus nécessaire qu'avant», estime Réal Bossé.

Rêves, chimères et mascarade, de Réal Bossé, Pascal Contamine et Christian Leblanc, du 22 septembre au 10 octobre à l'Espace libre.