Touche-à-tout imaginatif, Stéphane Crête lance la saison de La Chapelle avec son premier solo, Esteban. Un spectacle « drôle et weird », dit-il, où il explore la solitude et la censure dans une forme éclatée destinée à nous libérer de l'emprise du mental.

Disons-le d'entrée de jeu : bien malin qui pourra prétendre savoir ce que Stéphane Crête a mis dans son spectacle Esteban avant de l'avoir vu. Après une quarantaine de minutes de discussion désordonnée avec son unique architecte, scripteur, metteur en scène et interprète, on a une idée du comment et du pourquoi, mais on a encore du mal à saisir de quoi on parle exactement.

L'impossibilité de cerner avec précision le projet de ce créateur déluré vient de son goût pour les « formes bâtardes ». Ici, le comédien se donne le défi de créer un spectacle à mi-chemin entre le théâtre expérimental et les variétés dans lequel il va chanter, danser, raconter, se costumer, faire du mime et même du lipsync.

« Esteban parle de la solitude de cet humain-là, qui est seul sur scène, mais le fil conducteur que je me suis donné, c'est : qu'est-ce que je pourrais faire si j'étais seul sur scène sans devoir rendre des comptes à personne ? Qu'est-ce que je ferais de cette liberté-là ? Serais-je vraiment plus libre ?»

Stéphane Crête a donc créé Esteban en vase clos, sans regard extérieur et en marge de tout système de production ou de diffusion. Seul devant un miroir et une caméra, il s'est adonné à des expériences à l'aide de différents costumes, différentes musiques et différents textes. « Ce qui est vertigineux, c'est le pari solo, dit-il. De porter une parole intime. «

Esteban n'est toutefois pas un spectacle à saveur autobiographique. Ce que le créateur affirme vouloir dévoiler, c'est moins sa vie qu'une partie de son imaginaire. Tout en faisant « une espèce de synthèse de mon activité dans le monde de la représentation «, précise le comédien, qui a commencé à plancher sur ce projet à l'aube de la quarantaine. Il s'est efforcé de ne pas céder aux règles de bienséance, « d'abolir les filtres «, d'assumer sa voix et son corps (« je suis souvent dans des vêtements qui ne m'avantagent pas «).

« Les gens rient beaucoup, poursuit Stéphane Crête, qui a présenté une mouture préliminaire d'Esteban au OFF.T.A. en 2008. Il y a quelque chose d'absurde, de loufoque, de fou dans cette affaire-là. » Une folie qui inciterait les spectateurs à s'abandonner à une forme de rire libérateur et à « quitter le mental ».

Voilà le projet. Pour le reste, il faut faire confiance au créateur, qui affirme n'avoir aucune envie de tester les limites des spectateurs avec ce spectacle. « Je m'arrange pour qu'ils ne soient pas perdus, alors que dans d'autres spectacles, j'aime bien provoquer des malaises, admet-il. Dans Esteban, c'est vraiment le contraire, c'est quelque chose de très enveloppant. Cela dit, je n'ai pas fini d'expérimenter avec le spectateur.»

 

Entrée en scène

> Caravansérail, au Théâtre d'Aujourd'hui, du 15 septembre au 15 octobre.

> Un suaire en Saran Wrap au Théâtre d'Aujourd'hui (salle Jean-Claude Germain), du 15 septembre au 3 octobre.

> Une truite pour Ernestine Shuswap, à Espace Go, du 15 septembre au 10 octobre.

> Esteban, au Théâtre La Chapelle, du 15 au 19 septembre. Pi... ? ! , à La Licorne, du 15 septembre au 24 octobre.

> La maman du petit soldat, au Théâtre Prospero, du 15 septembre au 3 octobre.