Le quatuor à cordes espagnol PaGAGnini séduit les jeunes et les moins jeunes au festival Juste pour rire avec sa parodie du monde de la musique classique.

Les quatre musiciens de PaGAGnini ne font rien comme les autres et c'est là que réside tout le charme de la performance enlevante qu'ils présentent en ce moment à la Maison Théâtre.

 

C'est par la salle que le quatuor fait son entrée en jouant des airs de l'opéra Carmen de Bizet. Et on comprend vite, avec les «steppettes» du «chef» Ara Malikian, que le concert sera très physique, voire sportif, et que tous les coups... d'archet seront permis.

PaGAGnini, c'est à la fois du théâtre, de la pantomime, de la danse - flamenco notamment - et de la musique, classique évidemment, mais populaire et rock aussi, en plus d'une courte et hilarante pièce contemporaine de leur cru où deux spectateurs se joignent au groupe, l'un pour jouer de la cloche à vache et l'autre, du jouet qui couine.

Tous les publics y trouvent leur compte. Lors de l'interprétation d'extraits de La vie brève de Manuel de Falla, un enfant de 5 ans, tout au plus, riait fortement, un peu en retard, ce qui a jeté le fou rire sur scène et dans la salle.

Le Menuet de Boccherini qui a suivi a été interrompu trois fois par un cellulaire impénitent. On le croyait dans la salle, mais c'était celui du chef qui quittait la pièce pendant que ses musiciens, impatients, se mettaient à jouer un reel endiablé, un blues et une satire des Gipsy Kings. Oh yeah!

Le non moins célèbre Canon de Pachelbel a donné lieu à un numéro physique où la cadence bien connue de la pièce sert de trame à une gestuelle originale et amusante.

Le chef et ses complices clownesques, Eduardo Ortega, très bon numéro de violon rock, Fernando Clemente, le naïf souffre-douleur, et Gartxot Ortiz, en parfait straight man, sont d'excellents musiciens, capables de jouer avec archet ou non, en sautant, en courant ou couchés sur le sol.

Le spectacle est très bien construit. Seul le numéro de Clemente en amoureux transi s'étire un peu, brisant le rythme et le ton d'ensemble, vers la fin de la représentation. Mais le bouquet final, musique de Paganini comme il se doit, est explosif.

Des fausses notes? Tout plein, mais cette fois, on en rit de bon coeur. Reste à savoir si ce genre de spectacle aide vraiment la musique classique à conquérir de nouveaux publics. Mais il s'agit là d'une bien trop sérieuse question quand on y va... juste pour rire.

PaGAGnini se produit à la Maison Théâtre et sera en supplémentaires du 21 au 26 juillet