Muhammad Said Bourret est à l'origine de Taybah, un ensemble qui regroupe une majorité de Français de souche ayant embrassé la religion musulmane, et qui se propose de partager avec nous la pratique du chant soufi.

«Je me suis converti à l'Islam il y a environ 35 ans. Je suis parti en Syrie où j'ai vécu et étudié à Damas pendant une dizaine d'années auprès d'un maître soufi, Sheick Abou Nour Khourchid. Au coeur de cet enseignement soufi, il y a le zikr, qui consiste en une remémoration de poèmes sacrés que l'on accompagne de chants. Je m'en suis progressivement imprégné. Puis je suis rentré en France et j'ai fondé ma famille - ma femme est médecin et nous avons trois enfants.»  

«Avec la permission de mon maître spirituel, j'ai formé autour de moi un petit groupe de Français convertis et d'autres musulmans d'origine moyen-orientale. Cette confrérie nous a permis de poursuivre une pratique spirituelle soufie, qui est la dimension intérieure de l'Islam, fondamentalement un message d'amour et de paix. Et qui, bien sûr, comprend le zikr.»

 

Naturellement, les enfants de Muhammad Said Bourret ont fréquenté ce cercle soufi. Il s'est avéré que ses garçons avaient de très jolies voix et une excellente oreille musicale. « Ils ont chanté avec nous et avec quelques-uns de leurs amis, de jeunes Français convertis qui ont suivi avec leurs parents une démarche similaire à celle de notre famille. On a formé un petit groupe qui a fini par être remarqué.»

 

Depuis lors, l'ensemble Taybah a acquis une grande expertise, au point d'effectuer depuis plusieurs voyages en Turquie et au Moyen-Orient pour y présenter sa pratique et pour l'approfondir. Ajoutons que les chants soufis de Taybah sont souvent accompagnés de percussions légères, de ney (flûte orientale) et d'oud. Pour l'escale montréalaise, un authentique derviche tourneur (danseur qui atteint l'extase en pivotant sur lui-même) participera à la représentation.

 

«L'ensemble est jeune, il n'y a que moi qui suis plus âgé, indique Muhammad Said Bourret. Nous nous fréquentons au sein de la confrérie, mais nous vivons en société tout à fait normalement.»

 

Ce que Taybah présente se veut donc un geste de partage : «Il s'agit d'un événement spirituel que l'on sort exceptionnellement de son cadre réservé aux adeptes afin de le faire connaître aux humains de toutes croyances. Pour nous, c'est une rencontre, une forme de témoignage. Par la musique, il y a effectivement moyen de communiquer au-delà des frontières et des appartenances religieuses.»

 

Dans le cadre de la programmation hors-saison du Festival du monde arabe de Montréal, Taybah se produit ce soir, 20h, à la 5e Salle de la Place des Arts.