Le metteur en scène d'origine belge André-Marie Coudou et le Théâtre l'Instant proposent une adaptation théâtrale du roman Les combustibles, d'Amélie Nothomb. La Belgique a remplacé Sarajevo dans cette histoire où les personnages n'ont plus que des livres à brûler pour passer à travers l'hiver.

Q: Pourquoi avoir décidé de monter Les combustibles?

R: Comme la Belgique ne va pas bien, je voulais un auteur belge qui traite d'une situation de conflit. Amélie Nothomb a écrit Les combustibles à l'époque de la guerre civile à Sarajevo. J'ai déplacé la guerre en Belgique: d'entrée de jeu, les signes sont très clairs et personne ne pourra s'imaginer que cela se passe en Italie!

Q: Qu'a exprimé Amélie Nothomb, dans ce texte qui a d'abord été un roman?

R: Dans la pièce, le professeur prend le parti qu'après les guerres, on refait les mêmes conneries, on recommence les mêmes horreurs. Mon défi comme metteur en scène est de partir de la magnifique écriture de Nothomb et de raconter cela sur scène, en y ajoutant quelque chose d'animal, de destructeur, de difficile.

Q: Quel est le sens donné à la combustion des livres dans votre mise en scène?

R Dans le livre d'Amélie Nothomb, la fille propose de brûler des livres lorsqu'il n'y a plus rien à brûler. Mais ce ne sont pas que les livres qui brûlent, ce sont aussi les relations humaines. Jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour survivre? Les livres nous rattachent à l'être, au fait que lorsqu'on aura brûlé tous les livres, nous serons devenus des animaux.

Q: Comment la situation en Belgique a-t-elle teinté l'esprit de votre mise en scène?

R: Quand je parle avec des amis ou ma mère au téléphone, je comprends qu'il y a une morosité en Belgique, que ça se passe très mal là-bas. La vie n'y est plus agréable, on a enlevé les panneaux francophones, les gens sont aigris face à la perte d'une qualité de vie. Je me suis basé sur des éléments de Bye Bye Belgium pour construire la pièce. Mais la Belgique n'est pas le sujet de la pièce: en vérité, cela pourrait se passer n'importe où.

Q: Racontez-nous la création du Théâtre l'Instant.

R: Fabrice Tâïtsch, Isabelle Tincler et moi sommes trois Belges qui nous sommes connus ici. Il y a trois ans, on a décidé sur un coin de table de créer notre propre travail. Il était difficile, avec notre accent, d'avoir des contrats dans des téléséries. Ce qui nous intéresse, c'est de monter des auteurs peu ou pas connus, des coups de coeur et, de plus en plus, des auteurs belges.

Les combustibles, mise en scène d'André-Marie Coudou, au Théâtre Prospero, du 16 septembre au 4 octobre.