De grands représentants des rythmes chauds et urbains ont fait vibrer la foule du Centre Bell hier soir. Sean Paul, Wyclef Jean et Akon ont uni leurs rimes le temps de trois courtes performances pour le début d'une des tournées canadiennes les plus attendues de l'été.

En guise de hors-d'oeuvre à cette assiette plutôt épicée, Sean Paul ne s'est pas fait prier pour entamer une performance éclair. Veste de cuir et lunettes de soleil au bout du nez, l'ambassadeur du dancehall a donné un spectacle généreux... à petites bouchées.

L'artiste jamaïcain ayant vendu le plus de disques depuis Bob Marley s'est éparpillé avec de petits medleys qui n'ont pas mis la table pour la fête tant attendue. Les styles dancehall, reggae, raggamuffin se sont mariés à la pop et au hip hop. Mais les chansons de Sean Paul ont toutes la même couleur. Le phrasé jamaïcain qui caractérise l'artiste était soutenu par une section rythmique dont on discernait mal les subtilités.

Lorsqu'il a entonné Give it to Me et Everblazing, la jeune foule s'est levée, s'est mise à chanter et une odeur de printemps s'est répandue dans le Centre Bell. Quatre danseuses légèrement vêtues ont alors donné l'exemple au public qui avait manifestement envie de bouger.

Sean Paul a aussi servi une version violente aux teintes de rock lourd de Get Busy. Un moment qui donne raison à ceux qui affirment que le dancehall de l'artiste est trop américanisé. Pour terminer,

le rappeur s'est permis une rare improvisation vocale sur la pièce Temperature . Cette honnête performance a semblé laisser le public montréalais sur sa faim.

Le roi créole

Wyclef Jean a présenté un spectacle un peu plus simple et beaucoup plus court que celui offert au Métropolis cet hiver. Il a laissé à la puissante voix de la jeune chanteuse montréalaise Nikki Yanofsky le soin d'entonner les premières notes de cette fête caribéenne.

Lorsqu'il est monté sur scène, il ne faisait aucun doute que la foule l'attendait. Arborant un casque de hockey et les couleurs du Canadien de Montréal, le roi créole s'est mis à crier. Accompagné de son acolyte et cousin Jerry «Wonder» Duplessis, d'un batteur et d'un DJ, il a lui aussi servi de petites versions de ses chansons.

Guantanamera a littéralement fait monter la température de quelques degrés dans le Centre Bell. L'Haïtien a de la facilité à séduire le public. «Wyclef comes from Montreal», a-t-il dit, provoquant l'hystérie dans l'aréna.

Avant de chanter If I was President, Wyclef Jean y est allé avec son éditorial personnel : «Obama! Fuck George Bush!»

La fête, il connaît ! Wyclef Jean a le pouvoir de transformer une foule en une immense mascarade. En quelques minutes, il contrôlait complètement le parterre. Sur un rythme carnavalesque festif et interminable, il s'est payé un bain de foule sur le dos d'un énorme garde du corps.

Ce pot-pourri des meilleurs moments de Wyclef était extrêmement bien ficelé. On aurait aimé deux heures de plus de cette vague caniculaire.

Un Sénégalais parmi les Antillais

Les voix féminines se sont fait entendre lorsqu'Akon est arrivé du haut de la scène avec un parachute improvisé. Des pétards ont explosé pour donner un peu plus de réalisme à cette mise en scène. Alioune Badara Thiam a lui aussi conquis le coeur du public montréalais.

À l'heure de tombée, Akon commençait un concert qui s'annonçait intense. Il sera demain au Festival d'été de Québec accompagné de Wyclef Jean.