«The Priest is back. Look at all these maniacs», s'exclamait Rob Halford hier soir, devant un parterre à moitié vide. Un peu moins de 4800 fans accueillaient Judas Priest au Théâtre du Centre Bell.

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Foule très modeste, certes, mais aussi très bruyante et composée de fans de longue date, à en juger par l'âge du public.

Les Judas ont pratiquement boudé Nostradamus, leur nouveau disque double concept sur l'énigmatique Français. Seulement deux extraits en ont été joués hier. Pour le reste, que des classiques comme Metal Gods, Rock Hard Ride Free, Sinner et Breaking The Law, tous interprétés impeccablement. Et avec une triple portion de décibels. Tellement qu'avec les basses fréquences, on ressentait des pulsations jusque dans nos tibias. Le son était aussi puissant que précis. La qualité se remarquait particulièrement dans les innombrables solos héroïques de K.K. Downing et Glenn Tipton. Idem pour les cris stridents de Rob Halford.

Coco rasé et lunettes fumées, Halford chante accroupi, comme si des spasmes l'assaillaient. L'instigateur des tendances cuir SM du métal s'est changé à quelques reprises. D'abord un long veston doré en ouverture pour Prophecy, du disque Nostradamus. Halford incarnait alors une version chevalière de Michel le prophète. Deux ou trois vestons noirs allaient suivre, avec une quantité variable d'épines argentées.

À chaque changement, Halford disparaît dans un escalier caché au deuxième étage de la scène. Puis il réapparaît aux portes en bas, qui ressemblent étrangement à celles du vaisseau d'un vieux film de science-fiction.

Judas Priest paraît très rodé. Parfaitement côté musique, mais un peu trop quant à la mise en scène. Comme d'habitude, Halford demande trois fois à la

foule: «Breaking the what?», avant d¹entonner Breaking The Law. Un vrombissement de moteur annonce encore une fois son arrivée en Harley Davidson pour amorcer le rappel avec Hell Bent For Leather. Le batteur Scott Travis rate peu d'occasions pour lancer sa baguette en l'air entre deux frappes de cymbale. Efficace mais un peu prévisible.

Retour de Voïvod

En juin dernier au Heavy MTL, Voivod donnait son premier concert en cinq ans. Son premier aussi depuis la mort du guitariste Piggy D'Amour. Quelqu'un a eu l'excellente idée d'inviter les pionniers du métal québécois à assurer la première partie de Judas Priest.

La bande de Jonquière a offert un concert solide et sans surprise. Encore Voïvod pour commencer, Astronomy Domine pour terminer, et entre les deux des obligées comme Killing Technology.

Bien en voix, Snake Bélanger arpentait la scène lentement, en feignant du doigt de diriger son orchestre. Toujours avec un gros sourire estampé au visage.

«Ça fait longtemps. Merci de nous avoir soutenus à travers les années et les tragédies.»