Le matin où deux avions ont percuté les tours du World Trade Center, le 11 septembre 2001, la vie de François-Xavier Demaison a basculé. Comme des milliers d'autres. Le fiscaliste français, qui travaillait dans la Grosse Pomme depuis quelques mois, a accusé le coup difficilement, même s'il travaillait près de Central Park, loin de Ground Zero. La poussière, le sang, le désarroi...

Une telle preuve de la fragilité de la vie a marqué un tournant dans la carrière de Demaison. «Je croyais que la vie d'adulte rimait avec horaires de bureau, dit l'homme de 34 ans. Mais j'exerçais le métier le moins drôle du monde. Avec succès, remarquez.»

Petit, François-Xavier Demaison s'imaginait bouffon, aimait faire rire les copains de classe dans la cour de récré. L'attentat a ainsi fait remonter des désirs du passé. «En un an, j'ai remis ma démission et j'ai écrit un spectacle d'humour, raconte Demaison. Et ce, même si mon patron me disait que j'avais un high potential, que j'étais part of the team et que j'étais un futur partner de la firme.»

Des personnages sont lentement nés de son imagination. Un castor, une grand-mère, un animateur de séminaires «qui veut qu'on échange dans le respect de l'autre et qui parle pour ne rien dire», un prof de danse, son ancien patron new-yorkais...

«Demaison s'envole n'est toutefois pas un spectacle sur le monde de l'entreprise, parce que je ferais chier tout le monde! lance l'humoriste. J'incarne 20 personnages simplement, sans costumes, maquillage ni décors. Tout part des tripes. Ce n'est pas de la grimace. J'ai vraiment un souci d'incarnation. Un matin, par exemple, je suis sorti de la douche, j'ai mis ma capuche et je suis devenu un vieux boxeur.»

Avec une ébauche de spectacle en main (qu'il a plus tard peaufiné), Demaison est retourné à Paris, où il a grandi, et a remis sa fierté au point mort. «J'ai eu deux ans de galère, affirme-t-il. Pendant des mois, je n'ai vécu qu'avec 200 euros par mois, grâce à de petits boulots. J'essayais de survivre. Certains m'ont pris pour un fou d'avoir tout plaqué.»

Les premiers pas sur scène en auraient découragé plus d'un. Demaison s'est d'abord produit dans des salles presque vides. Puis, le bouche à oreille a fait son effet. L'humoriste qu'il est devenu a tranquillement grimpé les échelons en cinq ans pour finalement jouer dans le mythique Olympia de Paris... rempli, au bout de centaines de représentations.

François-Xavier Demaison a, entre temps, aussi fait ses classes sur les plateaux de cinéma. Il vient d'ailleurs d'incarner Coluche dans un long métrage d'Antoine de Caunes. Ici, on l'a récemment vu dans le film L'auberge rouge, aux côtés de Josiane Balasko et Gérard Jugnot.

Cette fois, il revient en Amérique du Nord en humoriste et non en fiscaliste. «C'est ma première fois à Montréal et je suis ravi. Mais je suis très nerveux. C'est un nouveau départ pour moi. C'est la première fois que je joue dans une ville où il y a des édifices de plus de 10 étages! Au moins, je me produis dans le cadre du festival Juste pour rire, un événement très festif. Les gens ont envie de rire et de recevoir.»

En profitera-t-il, après coup, pour traverser la frontière en direction de New York, lui qui n'a jamais pu y remettre les pieds depuis son départ en 2002? «J'y retourne en août, dans le cadre de l'émission Envoyé spécial, pour une chaîne française. J'ai envie maintenant d'y retourner. J'attendais la bonne occasion.»

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Demaison s'envole, à la Maison Théâtre, jusqu'au 12 juillet.