C'était la question à 100 piastres des FrancoFolies: Tricot Machine réussirait-il à remplir le Métropolis? Réponse: Oui, il a réussi. Pas pour qu'on se pile sur les pieds, mais le Métropolis était bien rempli, principalement par un jeune public qui a su apprécier tous les efforts du duo pour faire quelque chose de différent à l'occasion des ces 20es FrancoFolies.

Et ô combien différent, si on a assisté au spectacle de Tricot Machine seul ou avec orchestre aux Francos l'an dernier ou en spectacle de Noël. D'abord, une vraie ouverture musicale électro-concrète, très loin du folk lumineux habituel de Matthieu Beaumont et de Catherine Leduc. Puis, une version quasi Cowboy Junkies de la chanson Le trou de Tricot Machine, mais interprétée par Stéphane Lafleur, chanteur et guitariste du groupe Avec pas d'casque. Ensuite, arrivée de Matthieu et Catherine, qui danse sur une chanson d'Avec pas d'casque (schnoute, je ne me souviens plus du titre, désolée...).

Ce n'est qu'à ce moment que les fans du duo ont retrouvé un peu leurs marques, alors que Catherine a chanté l'Introduction au tricot machine, devant un magnifique décor artisanal tout en carton représentant une gigantesque machine à tricoter, avec roues (de carton) qui tournent, mains (de carton) qui tricotent, cheminées (de carton) qui fument, etc.

Le couple interprète ensuite sa très jolie Pas fait en chocolat en échangeant toujours des regards amoureux, puis Beau temps mauvais temps... C'est là qu'Urbain Desbois entre en scène pour chanter La gravité me pèse, accompagné par tout le monde sur scène: Catherine au choeur, Matthieu au piano, tous les musiciens... L'arrimage des deux univers était toutefois un peu difficile, et Urbain aura du mal à vraiment établir le contact avec la salle malgré ses jolies chansons.

Catherine et Matthieu ont ensuite chanté une fort jolie chanson qui leur a été inspirée par un poème d'Hélène Monette, Ne le (nous, vous) tuez pas! et une de leurs inédites qu'ils font toujours en spectacle, toujours aussi charmante, Ma semaine des quatre jeudis. Cela précède un des moments très forts du spectacle: Ecnaludma (ambulance à l'envers, quand on ne le lit pas dans un rétroviseur...), où Matthieu, accompagné par une fanfare de neuf musiciens, a été incroyablement efficace. Ça a commencé à vraiment lever.

D'autres numéros nous ont fait apprécier le travail du groupe pour faire «différent». D'abord, avec sa chanson Super ordinaire, dont pratiquement toutes les strophes ont été réécrites par le Matthieu, Catherine, Damien Robitaille et Urbain Desbois, chacun voulant être l'autre, ce qui a par exemple donné, par Damien Robitaille: «Je voulais être Catherine Leduc, mais les ours, c'est pas mon kick, je préfère les porcs-é, porcs-é, porcs-épics»!

Et là, avec son humour délicieusement tordu et sa drôle de dégaine, Damien Robitaille a frappé un grand coup: dans un boogie effréné au piano à quatre mains avec Matthieu, il a chanté Électrique alors que l'équipe de balle-molle de Catherine Leduc, baptisée «Les boules à mite», est venue lancer des ballons et faire une chorégraphie. Quand il a entonné Mètre de mon être après ça, il avait le Métropolis dans sa poche...

J'ai dû partir à peu près à ce moment-là. Dommage, Tricot Machine avait invité, pour figurer dans son succès L'ours, nul autre que Badaboum, la mascotte des regrettés Nordiques... Le genre de truc qui réchauffe autant qu'un tricot.