Nantaise d'origine, Parisienne d'adoption, révélation aux Victoires de la musique en 2005, auteure de l'album L'eau en 2006, de Douze fois par an en 2004 et d'un éponyme en 2002, Jeanne Cherhal est une habituée du Québec... et des FrancoFolies montréalaises.

Elle sirote sa boisson, elle a une mine enjouée. On peut même prédire qu'elle va rire à quelques reprises, la Jeanne Cherhal, visiblement détendue dans ce bar d'un hôtel on ne peut plus parisien, à deux pas de la station de métro République. On n'a plus les Holiday Inn qu'on avait!

«Depuis que je fais de la chanson, raconte-t-elle, je suis venue au Québec presque chaque année et j'étais un peu frustrée de n'avoir pas assez fait de dates chez vous l'an dernier. Du coup, j'en profite cet été pour faire sept ou huit dates sur 10 jours, en formule piano voix, comme je l'avais fait à mes débuts. Je viens avant tout pour mon plaisir personnel, même si cette série de concerts en solo me fera passer un moment intense.»

Rappelons que son premier passage au Québec remonte à 2001, au Festival de la chanson de Granby. Elle n'avait pas de disque à l'époque et y avait rencontré Pierre Lapointe avec qui elle a tissé des liens. Depuis lors, trois albums ont été créés, Jeanne Cherhal a fait voyager ses chansons.

«Ma dernière tournée, indique-t-elle, s'est terminée en février dans les pays d'Afrique centrale. Je n'y étais jamais allée, ça faisait longtemps que je voulais découvrir l'Afrique en chantant, c'est-à-dire en faisant ce que j'aime faire. Ce fut formidable! Depuis, j'ai réadapté un peu le répertoire au piano, il m'est arrivé de le refaire seule à Londres, à Berlin, en Suisse, en Belgique... et bientôt au Québec.»

Parmi les meilleurs artistes d'une vague étiquetée (il y a quelques années) nouvelle chanson française, Jeanne Cherhal s'estime comblée de pouvoir exercer cet art. Quel impact veut-elle obtenir sur le long terme?

«Le plus gros possible! s'esclaffe-t-elle, avec un brin d'autodérision. Ma dernière tournée compte plus de 120 concerts dans de belles salles, même si mon dernier album a beaucoup moins marché que celui d'avant. Pourtant, je n'ai pas senti cette baisse dans les salles, et j'avais plus de visibilité à la radio. Comment expliquer tout ça? Je suis nulle pour tirer des conclusions!» échappe-t-elle en riant de nouveau.

Miss Cherhal préfère de loin parler de ce qui la branche sur scène: «Souvent, des chansons me font vivre un moment particulier lorsque je les interprète, comme Le Tissu: ça se passe dans un avion où la narratrice observe une femme voilée... qui retire son voile. Chaque fois, cette chanson est hyper bien accueillie, je vis une communion avec les gens.»

Excellente chroniqueuse de société et de vie privée, Jeanne Cherhal ne se limite pas à la limpidité. «Quand une chanson a un sens caché, je suis contente aussi. Par exemple, Canicule traite de la chaleur. Or, un ami m'a confié qu'elle avait pour lui une connotation érotique! Je n'y avais jamais songé!»

Et la suite? Elle prépare un nouvel album. «Je ne suis pas encore entrée en studio, je travaille seule chez moi au piano. Les thèmes en ébauche? Alors ça, c'est archi tabou!» conclut-elle en déployant un sourire narquois.

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Avec Ours et Katel, Jeanne Cherhal partage un programme triple ce soir, 19 h, au Pavillon Air Transat (angle De Maisonneuve et Bleury).