Dans tous les recoins d'Avignon, en marge de la programmation IN du festival, des troupes présentent leur dernier spectacle. Il y a de tout, du meilleur comme du pire, des textes légers, des pièces du répertoire mondial, des créations. Une troupe de comédiens amateurs de Québec s'est lancée cette année dans la jungle provençale... Et ça marche!

En venant à Avignon l'année dernière, Olivier Sanquer a constaté une anomalie de taille: pas de Québécois! À peine deux acrobates sur une île voisine. Autre lacune de taille, Les feluettes ou la répétition d'un drame romantique de Michel-Marc Bouchard, texte phare du théâtre québécois des années 80, n'a été présenté en France qu'une seule fois, à sa création en 1990.

Il n'en fallait pas plus pour que le metteur en scène autodidacte, Québécois et Français de surcroît, organise une tournée avec des comédiens rencontrés à l'Université Laval.

L'équipe du Bal des voleurs, qui a clos la saison 2006-2007 aux Treize, est devenue la troupe Nacéo (l'anagramme de «océan»). Ils ont présenté Les feluettes à Québec au Théâtre de poche en juin 2008, puis à Montréal rue Saint-Denis dans une petite église.

«Un pré-Avignon, pour s'habituer à utiliser le plein potentiel d'un nouveau lieu», explique le metteur en scène, Olivier Sanquer.

Comment survivre à Avignon? Pas question pour Olivier Sanquer de chouchouter ses acteurs.

«Je les maintiens en danger, ça les force à se renouveler. La méthode écorche un peu leur ego, mais sur scène ils sont écoeurants!» Côté marketing, une seule affiche, à l'entrée de l'Atelier 44, petite salle de 44 places au 44, rue Thiers, et pas de distribution de tracts. Ils ont obtenu un créneau de choix, à 20 h, et ont traversé vaillamment les premières semaines du festival.

«Beaucoup de troupes se découragent ou passent leurs journées dans la rue à promouvoir leur pièce. C'est frustrant et épuisant. Nous, on mise tout sur le bouche à oreille et on économise nos forces pour les soirs de spectacle.» Résultat: un public ravi et une salle pleine, ou presque, tous les soirs depuis début juillet.

«On travaille avec zéro matériel, ce qui nous permet de présenter deux heures de spectacle, puisque le temps est limité. Le fait que la pièce se déroule en prison nous permet de justifier le côté bâclé de la scénographie et les petits accrocs qui peuvent survenir dans le jeu.»

Sur scène, la magie opère. Les personnages transcendent les acteurs qui donnent tout au public.