On ne se réinvente pas, même en «mettant le mur du son à off», comme c'est écrit dans le programme. Stefie Shock présentait vendredi soir dernier, sous le chouette chapiteau des Francos, son nouveau spectacle baptisé Microcosme, qui le met en scène avec une guitare acoustique et un orchestre soulagé de sa section de cuivres. En dépit des apparences intimistes, Stefie n'a pu rester assis sur son siège bien longtemps, pas plus que le public, d'ailleurs.

En un an et deux FrancoFolies, on serait tenté de croire que Stefie Shock est passé d'un extrême à l'autre. À l'été 2007 au regretté Spectrum, l'auteur-compositeur-interprète avait eu la bonne idée de soumettre à ses fans une version «Non-stop disco» de son concert, enfilant sans pause ses tubes dansants, à la manière du DJ qu'il a déjà été.

Cette fois, c'est tout le contraire. Sous le chapiteau, la gratte acoustique sur les genoux, entouré de trois musiciens seulement, habillant ses chansons d'arrangements forcément remodelés, est-ce à lui ou à nous, spectateurs, qu'il voulait faire croire que ses chansons auraient une dynamique différente, qu'il explorerait de nouvelles avenues dans son approche de la pop?

Ben voyons! Avec ou sans cuivres, Stefie Shock est resté tout à fait le même. Tant mieux.

Au début, il croyait pourtant que sa démarche lui dévoilerait une nouvelle facette de sa personnalité. Après la deuxième chanson, Pixels flous, il s'est adressé aux quelque 200 fans, profitant du contact plus direct qu'il avait ce soir-là avec la foule assise devant lui, à sa hauteur.

Stefie Shock n'a pas une grande voix (ni une voix toujours juste), et il n'est pas particulièrement doué pour les discours. Ses nombreuses interventions sont malhabiles, plutôt bâclées, cependant elles le rendent encore plus sympathique: on rigole autant de ses blagues que de la manière dont il les offre. «Voici ma reprise d'une chanson de Charles Aznavour. Je l'ai tellement défigurée que j'ai cru qu'il en mourrait», a-t-il dit, pour ensuite se donner tout le crédit pour sa bonne santé.

Après Je te réchaufferai, donc, la chanson Il, elle, puis une autre reprise, Savoure le rouge (précédée d'une blague sur son nouveau métier d'évaluateur à la SAAQ, un boulot nécessaire à cause de la baisse des ventes de CD...). Cinquième chanson, et voilà déjà le public debout, interpellé par les coups de cymbales disco et les nappes de Hammond B3.

Pendant que le public garde le rythme après la chanson en tapant des mains, Stefie Shock passe sa guitare électrique au cou pour revisiter La Jungle. Cuivres, pas cuivres, on danse. Sans les cuivres, le noyau dur de son orchestre est particulièrement savoureux. Vincent Réhel au B3 et au piano électrique est déchaîné - son solo durant Tout le monde est triste, en fin de concert, est explosif. Le batteur Joseph Perreault a du funk dans l'ADN musical. Quant à la bassiste Marie-Pierre Fournier, entendue la veille chez Corcoran, elle est presque aussi charismatique sur scène que Shock, et son contre-chant, qui remplace souvent les cuivres durant les mélodies, est essentiel.

Stefie Shock, lui, était comme un poisson dans l'eau dans cette formule pas si nouvelle que ça. Même seul à la guitare autour d'un feu de camp, il reste une vraie machine à party, bien servie par un répertoire où chanson pop, rock, funk et rythmes latins font un savoureux mélange. Appelez ça Microcosme si vous le voulez, ça ne changera strictement rien à la dégaine et à l'assurance de Shock, égal à lui-même. Comprendre: vous manquerez quelque chose en n'allant pas le voir, ce soir ou demain, 20h30, au pavillon des FrancoFolies.