La chanson francophone a reçu hier soir sur les plaines d’Abraham les plus beaux hommages : l’accueil inattendu d’une foule estimée à 150 000 personnes (50 000 de plus que prévu), les voix réunies de quelques-unes des plus grandes vedettes de la France et du Québec et, surtout, l’expression tangible d’une grande amitié entre artistes.

La soirée Paris-Québec, animée par Garou et la Française Daniela Lombroso, a été construite avec l’idée de faire des ponts en chansons. D’hier à aujourd’hui, entre tradition et modernité, d’Yves Lambert à Ariane Moffatt, d’Adamo à Patrick Bruel (la vedette Raphaël a raté le rendez-vous en raison d’un accident de scooter), en passant par Joe Dassin, ressuscité avec bonheur par André-Philippe Gagnon.

Il faut bien le reconnaître, la sauce ne prend pas toujours dans ces spectacles qui alignent autant d’artistes. Cette fois, elle était parfaite. Au-delà du choix de chansons, fort intéressant, il y a eu des duos inédits, des apparitions surprises qui ont fait mouche et une complicité de tous les instants, qui a rendu le spectacle vibrant d’émotions.

Dès l’ouverture, nous avons eu droit aux voix d’Isabelle Boulay, Garou, Lynda Lemay, Maurane, Patrick Bruel et Michel Fugain pour la magnifique Quand les hommes vivront d’amour, une réunion qui a suscité les plus beaux espoirs pour le reste de la soirée. Si ensuite Ariane Moffatt et Julien Doré ont soulevé des doutes avec une réinterprétation ratée de Lindbergh, les craintes ont été chassées grâce aux souvenirs délirants de Plamondon, ramenés à nos yeux étonnés par la magie de la vidéo. Il fallait voir les costumes et les coiffures de Claude Dubois époque Starmania et l’immense boule blonde du jeune Plamondon!

Surprise, le parolier, symbole de l’amitié France-Québec, s’est pointé sur scène pour dire Le temps des cathédrales avant que Garou, Patrick Fiori et un Daniel Lavoie poignant se retrouvent pour la première fois en huit ans pour interpréter Belle. Larmes et frissons grâce à la magie des voix.

Patrick Bruel a aussi eu droit à un hommage : ses plus grands succès repris par Lynda Lemay, Maurane et Daniel Lavoie, venu ironiquement chanter Casser la voix, en s’éclatant joyeusement sur scène avec Bruel, qui n’a pas pu résister à l’envie d’un duo électrisant. L’artiste français s’est ensuite glissé dans La complainte du phoque en Alaska avec la diva Diane Dufresne; une version naïve sur des airs de cirque et un moment qui ne s’oublie pas.

Continuant d’avancer sur le fil des émotions, Isabelle Boulay s’est amenée avec son ventre rond pour un Dieu des amours sensuel à souhait avant qu’Yves Lambert et Garou mettent le feu à la foule avec des chants traditionnels.

Maman Dion, racontant avoir choisi le prénom de sa célèbre fille à cause d’une chanson d’Hugues Aufray, a ramené des sourires avant que le chanteur amène de la tendresse et un clin d’œil à Félix Leclerc.

Chanteur français aimé des Québécois, Adamo a offert C’est ma vie, mais aussi La Manic de Georges D’Or avant que Roch Voisine épouse une chanson de Joe Dassin. Accompagné d’Isabelle Boulay, Zachary Richard a donné des airs de reggae à Travailler c’est trop dur, une chanson que les Français croient être de Julien Clerc! Superbe, le Ils s’aiment de Daniel Lavoie nous a amenés vers la fin, juste avant Patrick Bruel et le duo de Dufresne et Duteil pour La langue de chez nous.

Le spectacle sera diffusé à la télévision de Radio-Canada le 7 septembre à 20h. À voir.