Un invité de La Presse prend position sur des sujets qui marquent son actualité. Cette semaine: Hubert Proulx.

Connu comme acteur autant à la télévision et au théâtre qu'au cinéma (Virginie, Unité 9, Au secours de Béatrice, Chasse-galerie, L'homme-éléphant), Hubert Proulx est aussi apparu comme danseur dans la plus récente création de Dave St-Pierre, Suie. Il vient de sortir son tout premier album de 10 titres teintés de mélancolie mélangeant folk, blues et quelques sonorités grunge.

Les acteurs qui sortent des albums de musique

Pour

«Je suis pour! Tout comme je suis pour les humoristes qui font des films. Pour moi, l'art, c'est d'être connecté avec ta vérité intérieure ; je ne crois pas qu'on devrait se cloîtrer dans une discipline. J'aime le mélange, essayer des trucs. J'ai un groupe de musique gypsy-punk, Roman Carnival, avec lequel j'ai fait plus de 200 shows, et j'adore être sur scène. J'ai fait un album pour pouvoir faire des shows... mais aussi parce que j'avais des choses à dire!»

Dave St-Pierre

Pour

«Je suis totalement pour Dave St-Pierre: ça prend des gens qui provoquent des débats en art, qui prennent des risques, comme il l'a fait avec Suie [NDLR: Hubert Proulx était dans ce spectacle]. Oui, ça crée des réactions, mais des fois, c'est ce à quoi sert l'art. Il a une incapacité à obéir et j'admire ça. Mais il ne veut pas provoquer pour provoquer. D'ailleurs, c'est lui qui a réalisé [avec Alex Huot] mon premier vidéoclip, Désirer tout l'amour, et il a voulu faire quelque chose d'assez mainstream.»

La critique

Pour

«Je suis pour la critique, mais contre les commentateurs et la polarisation. Dans les critiques qu'il y a eu contre Suie, il y avait vraiment des gens qui en ont fait une guerre personnelle. Je suis contre ça; on n'a pas besoin d'avoir les sensations des critiques, on a besoin d'analyse! Les jugements de salon, je n'ai pas besoin de ça.»

Être cantonné dans un type de rôle

Contre

«Je suis souvent cantonné aux rôles de bums, et c'est ce qu'on m'offre. Je dégage peut-être une énergie plus rough, mais je ne suis pas que ça. Ça arrive surtout en télé, beaucoup moins au théâtre et au cinéma. J'ai fait l'École de théâtre, pourtant. J'ai joué des classiques, j'ai un registre plus large que ce que les gens pensent. Et ce n'est pas juste à moi que ça arrive! Mais il y a plein de monde qui essaient de m'aider à relancer mon casting. D'ailleurs, je vais jouer un rôle "maudit colon" dans la série Léo de Fabien Cloutier!»

La parité au théâtre et ailleurs

Pour

«Qu'on fasse plus de place aux femmes, avec des quotas par exemple, je suis complètement pour ça. Par contre, je rêve d'un monde où on n'aura plus besoin ça. Je suis extrêmement féministe, je ne comprends pas pourquoi on a encore ce débat-là, pourquoi il y a encore une inégalité salariale entre les femmes et les hommes dans le milieu artistique. On a tellement de bonnes auteures au théâtre! J'ai d'ailleurs engagé une réalisatrice, Brigitte Dajczer (dite Briga), pour mon album, car je trouvais ça vraiment important. Et les hommes qui se sentent menacés? Qu'ils fassent d'autre chose!»

Des subventions aux artistes

Pour

«Je suis totalement pour les subventions. D'ailleurs, dans une de mes chansons, je parle du fait que les gens considèrent les artistes comme une gang de "BS" subventionnés. Les subventions font en sorte qu'on a une culture tellement forte et effervescente par rapport au marché qu'on a, on rayonne à l'international. J'irais plus loin même : je serais pour l'intermittence du spectacle, comme cela se fait en Suisse, un chômage pour les travailleurs autonomes, les artistes.»