La France rend des hommages nationaux à deux figures exceptionnelles de son patrimoine, l'écrivain Jean d'Ormesson vendredi et samedi le chanteur populaire Johnny Hallyday, dont le convoi funéraire descendra l'avenue des Champs-Élysées.

«Jean d'Ormesson est un écrivain. C'est aussi une star, un monument national», a écrit Jean-Marie Rouart, membre de l'Académie française, à propos de Jean d'Ormesson, qui en était le doyen.

Archétype de l'écrivain à la française, Jean d'Ormesson est décédé dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 92 ans.

Lors d'un discours vendredi dans la cour d'honneur de l'Hôtel des Invalides, monument au coeur de Paris, le président français Emmanuel Macron a estimé: Jean d'Ormesson «fut ce long été auquel pendant des décennies nous nous sommes réchauffés avec gourmandise et gratitude. Cet été fut trop court».

«C'est cette clarté (...) qui déjà nous manque en ce jour froid de décembre», a-t-il poursuivi.

Au terme de son discours, le chef de l'État est allé déposer sur le cercueil de l'académicien, ceint du drapeau français, un crayon à papier, «un simple crayon», comme le souhaitait M. d'Ormesson.

La famille de l'écrivain, de nombreux membres de l'Académie française, les ex-présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande, des ministres, des dizaines de personnalités du monde de la culture et de la politique ont assisté à cette cérémonie qui avait été précédée d'une messe en la cathédrale Saint-Louis des Invalides.

La dépouille de Jean d'Ormesson sera incinérée «plus tard» dans l'intimité, a confié sa famille à l'AFP.

Homme brillant, espiègle, volontiers séducteur derrière son regard bleu malicieux, l'ancien directeur général du quotidien Le Figaro restera comme l'un des plus grands écrivains populaires français, dont les livres ont figuré sur les listes des meilleures ventes.

«Au-dessus des partis, chapelles et tendances, Jean d'Ormesson appartient au patrimoine», estime l'écrivain et membre de l'académie Goncourt qui décerne le prix littéraire du même nom, Pierre Assouline, dans son «Dictionnaire amoureux des écrivains et de la littérature».

Jean d'Ormesson avait avoué avoir écrit son premier roman «pour plaire à une fille» et n'avoir alors «absolument pas la vocation à être romancier».

Il aura révolutionné l'Académie française en se battant pour y faire entrer la première femme en la personne de Marguerite Yourcenar, élue en 1980 et dont il prononcera le discours de bienvenue en 1981.

Le 41e et dernier livre de l'écrivain doit paraître en février en France. Son titre sonne comme un défi: «Et moi, je vis toujours».

Hommage rock n' roll

Comme en octobre 1963, lorsque la mort de la chanteuse populaire Édith Piaf et celle de l'académicien Jean Cocteau s'étaient télescopées, le décès de Jean d'Ormesson a précédé de quelques heures la disparition de la star nationale Johnny Hallyday.

Le chanteur, qui a accompagné des générations de Français et de francophones dans le monde, vendant environ 100 millions de disques en près de 60 ans de carrière, est décédé mercredi à 74 ans d'un cancer du poumon.

Samedi, un «hommage populaire» exceptionnel et rock'n roll lui sera rendu, avec une foule d'admirateurs attendus sur l'avenue des Champs-Élysées et un défilé de centaines de motards, avant une messe en l'église de la Madeleine à Paris. Il sera inhumé dans l'intimité lundi sur l'île antillaise de Saint-Barthélemy, où il possédait une propriété.

Nicolas Sarkozy lui a rendu hommage vendredi, notant qu'avec sa disparition, «c'est un pan entier de nos vies qui disparaît», alors qu'il sortait du funérarium où repose la dépouille du chanteur.

Le président Macron, qui a qualifié dans un communiqué Johnny Hallyday de «héros français», «prendra brièvement la parole» lors de la cérémonie religieuse, tandis que les musiciens du rocker joueront des classiques de son répertoire sur le parvis de l'église.

Alors que les hommages n'ont cessé depuis mercredi, l'inscription «Merci Johnny» sera projetée tout le week-end sur la Tour Eiffel.