Un invité de La Presse se positionne sur des sujets qui marquent son actualité. Cette semaine: Nicola Ciccone.

Nicola Ciccone, qui a lancé l'an dernier l'album Esprit libre, récidive ce printemps avec Chante les immortelles, nouveau CD de 20 reprises de grandes chansons de langue française. Il sera en spectacle à Gatineau le 20 avril prochain.

Les «groupies»?

Pour

«C'est sûr qu'avoir une gang de gars assis en première rangée, c'est un peu plate. Avoir une gang de belles filles, qui nous regardent avec de grands yeux et qui nous donnent de la bonne énergie, ça nous permet encore plus de faire un beau show. La vérité, c'est que quand on est adolescent, on veut faire de la musique pour l'amour du métier, mais faut pas se le cacher, on aime aussi les filles et la musique nous aide à nous dégêner et à pogner un peu.»

Les critiques de musique?

Pour

«S'ils sont prêts à boire quelques shooters avec moi. Moi, j'aime les tripeux de musique. Ceux qui sont capables de faire la part des choses, c'est correct. Chacun a son bag: certains préfèrent la musique alternative, d'autres préfèrent comme moi les chansons à texte, mais la passion ultime reste la musique. Il faut reconnaître qu'on est tous connectés à cette passion-là.»

Les choix musicaux des stations de radio?

Ni un ni l'autre

«Tant et aussi longtemps qu'on respecte le quota francophone, on a le droit de choisir. Mais on doit respecter certaines règles, et présentement, on se questionne sur ce quota, pour le réduire, et ça, je suis clairement contre. Après ça, chaque radio a le droit de diffuser ce qu'elle veut. En même temps, une radio commerciale doit jouer des chansons commerciales. [...] Si je présente ma chanson à CISM, je m'attends moins à ce qu'elle joue.»

Les albums sur support physique, comme le bon vieux CD?

Pour

«Je suis un peu vieux jeu, mais le contact avec l'objet est pour moi encore important, même si cette année HMV [a fermé boutique]. Je trouve qu'il y a tellement de choses carrées dans la vie. On se lève le matin, on sort d'un lit, c'est une boîte. Après ça on déjeune devant une boîte qui s'appelle une boîte de céréales. Après on écoute une boîte qui est la télé. On travaille ensuite dans des cubicules en forme de boîte. On revient à la maison dans une boîte avec des roues. Donc c'est cool qu'il y ait une forme circulaire. Moi, je l'aime, la forme circulaire du CD!»

Les albums de reprise?

Pour

«Je viens d'en sortir un, je ne suis pas pour dire contre! Mais en même temps, je pense qu'il faut qu'il y ait une raison. Ça fait 20 ans que je fais ce métier, j'ai la chance d'être connu comme un auteur-compositeur, ce qui est une grande chance parce que c'est rare de gagner sa vie avec ses chansons. Mais je suis pour parce que je pense que le terme "reprises" est trop réducteur. On ne fait pas juste des reprises. Ce sont des réinterprétations. C'est un préjugé qu'on a beaucoup en musique populaire, mais qu'on n'a pas pour d'autres formes d'art. Quand on reprend L'avare au théâtre, dit-on que c'est une reprise? Non. C'est une relecture. En musique, ça devrait être la même chose.»

La chanson française?

Pour

«Très pour! Moi, j'ai grandi en anglais, mais le français, c'est une langue importante qui me permet de faire le métier qui est ma passion, qui m'a sorti de la pauvreté. Selon moi, la chanson populaire, c'est l'outil premier de la promotion de la langue française. La minute où on perd cet outil, on est fini. C'est un outil encore plus accessible que toutes les autres formes d'art.»