L'organisation des ArtsGames, équivalent artistique des Jeux olympiques qui doit se tenir à Montréal l'année prochaine, s'annonce plus ardue que prévu. Le promoteur, soutenu financièrement par la Ville de Montréal à hauteur de 6,5 millions, peine à dénicher des commanditaires et a même dû suspendre le versement du salaire de la majorité de ses employés.

« On est fragiles parce qu'on est en négociations avec les commanditaires. Il y avait beaucoup de pression avec les célébrations du 375e de Montréal, mais d'ici la fin du mois de mai, ça devrait être redressé », a affirmé hier à La Presse la présidente du Comité international des ArtsGames (IAC), Sylvia Sweeney.

Pour l'instant, la tenue des ArtsGames est toujours prévue en 2018, mais les 10 jours de l'événement ont été repoussés de quelques mois. Le couronnement des vainqueurs ne se ferait qu'en 2020. Quant aux auditions permettant de sélectionner les artistes, qui devaient se dérouler l'été prochain, elles ont été reportées à l'année prochaine. Selon Mme Sweeeney, il s'agit d'ajustements pour « la plus ambitieuse compétition du genre ».

C'est en septembre 2015 que l'IAC annonçait sa décision d'installer son siège social à Montréal et d'y tenir ses tout premiers ArtsGames. Ces compétitions se veulent le pendant artistique des Jeux olympiques et doivent permettre la présentation des performances d'artistes de tous les continents. Jusqu'en 1948, un volet artistique se déroulait lors des Jeux olympiques, conformément à la volonté de Pierre de Coubertin, qui a restauré l'idée des Jeux olympiques à la fin du XIXe siècle.

L'IAC tente ainsi de faire revivre ces jeux des arts dans cinq catégories : danse, musique, littérature, arts visuels et arts médiatiques. Les vainqueurs seraient médaillés comme les athlètes.

EMPLOYÉS EN ATTENTE DE SALAIRES

L'administration du maire Coderre a sollicité l'IAC en 2015 et a décidé de lui apporter son soutien financier, en espérant d'importantes retombées. La contribution de la Ville se chiffre à 6,5 millions, soit 500 000 $ en argent et 6 millions en services pour la période de 2015 à 2018. Le conseil municipal a approuvé une somme de 2,5 millions pour 2017 et de 500 000 $ en 2018, a précisé le service de la Culture.

De son côté, l'IAC a investi 6 millions, a souligné Mme Sweeney. Malgré cela, l'organisme s'est retrouvé en difficulté l'automne dernier : l'un des dirigeants, l'homme d'affaires Peter Howlett, a quitté les commandes, les commanditaires manquaient à l'appel et l'établissement du siège social et les activités de promotions se sont avérés très coûteux.

« On a fait de grands changements et j'ai demandé aux employés qui le souhaitaient de reporter leur salaire lorsque les commandites arriveraient au printemps. Certains sont partis, mais plusieurs sont restés parce qu'ils savent que nous sommes une organisation en développement », a expliqué Mme Sweeney.

Ainsi, depuis janvier, seules deux des huit personnes qui sont demeurées en poste reçoivent un salaire. Les six autres doivent patienter avec la promesse, toutefois, de recevoir un bonus. La situation a créé des « tensions » et « certaines personnes ont menacé d'en parler aux médias », a dit Sylvia Sweeney.

« UN GRAND INTÉRÊT »

La présidente de l'IAC demeure toutefois convaincue de la réussite de l'aventure. Déjà l'été dernier, lors des Jeux olympiques de Rio, l'IAC a donné le coup d'envoi de ses préparatifs en faisant une présentation du projet avec des artistes québécois. « Montréal est un endroit fantastique pour accueillir l'innovation. Cela a soulevé un grand intérêt », croit Mme Sweeney qui est Montréalaise d'origine.

Les ArtsGames doivent se tenir au même rythme que les Jeux olympiques, tous les deux ans, mais dans une ville différente de celle qui accueille les athlètes. Ainsi, Montréal pourrait être la ville hôtesse en 2018 et continuer de présenter les auditions préalables lors des événements subséquents. Les villes américaines de Detroit et de Los Angeles sont actuellement en discussions avec l'IAC pour accueillir les ArtsGames de 2020.

- Avec la collaboration de Vincent Larouche, La Presse