À la fin du mois de décembre, la styliste montréalaise Annie Horth a reçu un appel urgent, dans un mélange syncopé de français et d'anglais. Au bout du fil? La photographe officielle du clan Trump depuis une dizaine d'années, la Belge Régine Mahaux.

Melania Trump, une ex-mannequin d'origine slovène, cherchait une styliste attitrée pour les quatre prochaines années et proposait ce juteux contrat à Annie Horth, qui a longtemps soigné l'image de la diva Céline Dion.

«Régine [Mahaux] m'a fait comprendre que l'argent n'était pas un problème, qu'il n'y avait pas de limite au budget de vêtements. Elle m'a fait miroiter des choses importantes. J'ai senti le tapis rouge se dérouler devant moi. J'étais vraiment surprise que mon nom circule dans ces milieux-là, d'autant plus que je suis Canadienne. C'était surréel. Mais tout de suite, je savais que ça ne m'intéressait pas, que ce n'était pas pour moi», a confié Annie Horth en entrevue à La Presse.

Voici pourquoi elle a refusé cette offre très, très payante. D'abord, Annie Horth ne partage pas du tout la vision du monde du président américain Donald Trump, le mari de sa cliente potentielle.

«Je n'ai pas du tout les mêmes valeurs que cet homme-là. Clairement, avant de m'appeler, ils n'ont pas lu ce que j'ai écrit contre Trump sur Twitter.»

Ensuite, la perspective d'être enchaînée à la famille Trump pendant quatre ans ne l'enchantait guère. «C'est un travail à temps plein. Tu dois mettre ta vie sur pause pendant quatre ans et t'installer à Washington ou à New York», souligne Annie Horth.

Aussi, depuis sa séparation professionnelle d'avec Céline Dion, survenue il y a un an, Annie Horth ne se consacre plus au stylisme personnel pur et simple, avec une exception pour sa bonne amie Julie Snyder. «Aujourd'hui, je fais de la direction artistique, de la direction de création. Je travaille sur le développement et le repositionnement d'images de compagnies ou d'artistes», explique Annie Horth.

À propos de Melania Trump, 46 ans, Annie Horth remarque que «c'est une belle femme, qui a un certain chic, mais [il] lui manque une touche de modernité».

On s'entend aussi que sélectionner les tenues de Melania Trump pour des évènements mondains ou diplomatiques rétrécit la marge de manoeuvre d'une styliste, qui doit demeurer conservatrice dans ses choix. N'est pas Jackie Kennedy qui le veut.

Annie Horth ne regrette pas une seule seconde d'avoir écarté la possibilité d'infiltrer les coulisses de la Maison-Blanche. «Il y a 10 ans, je l'aurais peut-être fait. Aujourd'hui, je suis ailleurs», conclut-elle.

PHOTO JONATHAN ERNST, REUTERS

«C'est une belle femme, qui a un certain chic, mais [il] lui manque une touche de modernité», dit la styliste Annie Horth au sujet de Melania Trump (notre photo).