Celle qui a servi de truchement entre l'auteur-ermite Réjean Ducharme et le reste du monde depuis des décennies s'est éteinte au début de la semaine dernière à Montréal.

Claire Richard, comédienne et scénariste, a succombé à une crise cardiaque. Selon Le Devoir, elle était octogénaire.

« Elle donnait l'impression d'être elle-même un personnage de roman », a affirmé Lorraine Pintal, directrice du Théâtre du Nouveau Monde (TNM), en entrevue téléphonique. « Elle avait le théâtre dans le sang, un sens de l'émerveillement. C'était comme si elle n'avait jamais vieilli, elle a toujours eu l'air d'une jeune fille, avec ses yeux brillants et son sourire perpétuel. »

Claire Richard a signé le scénario de Joyeux calvaire ! un film de Denys Arcand, en plus d'apparaître sur scène et à la télé.

C'est sa présence auprès de Réjean Ducharme qui a rendu possible la réclusion totale dans laquelle se terre l'auteur depuis le milieu des années 60.

Mme Pintal a elle-même monté quatre pièces à partir des textes de Réjean Ducharme sans jamais avoir de contacts avec l'auteur : Claire Richard s'occupait de tout.

« Je suis allé très souvent [chez le couple], mais jamais je n'ai pu le rencontrer », a-t-elle témoigné.

Parfois, une voix masculine en arrière-fond d'une conversation téléphonique avec Claire Richard confirmait que c'était bien le géant caché de la littérature québécoise qui répondait à travers elle.

Élisabeth Nardout-Lafarge, grande spécialiste de l'oeuvre de Ducharme installée à l'Université de Montréal, a rencontré Mme Richard à quelques reprises. Notamment lors d'un colloque international sur l'oeuvre de son mari auquel la professeure l'avait invitée.

« Elle avait une sorte de fraîcheur, de candeur, d'humour. Elle était très belle », a dit Mme Nardout-Lafarge. Sur son mari, elle faisait preuve de « toujours beaucoup de discrétion ».

La professeure de littérature dit s'inquiéter pour Réjean Ducharme. « On a de la peine pour lui, a-t-elle dit. Tous ceux qui aiment l'écrivain s'inquiètent un peu parce qu'on voyait bien que c'est par elle que se passaient les choses. »