L'Union des artistes compte participer activement au développement de la nouvelle politique culturelle québécoise. La présidente du syndicat de 8400 membres, Sophie Prégent, fait de l'éducation l'un de ses chevaux de bataille.

Prenant la parole devant 250 membres du CORIM (Conseil des relations internationales de Montréal) mercredi dernier, Sophie Prégent a insisté sur l'urgence de « ramener la culture et les arts à l'école ».

« L'art contribue à la persévérance scolaire, à l'amélioration des résultats et au développement des compétences de générations d'élèves », a-t-elle soutenu devant un parterre mixte de gens d'affaires et des arts.

Tout en remerciant Québec d'investir dans l'action culturelle en faveur des enfants âgés de 4 à 11 ans, la présidente de l'UDA souhaite un changement plus large.

« Ce ne sont pas les pièces que j'ai vues ou jouées qui ont fait de moi une actrice, mais ça m'a ouvert les yeux sur le monde. L'art ouvre l'esprit. Même les gens qui étudient en sciences pures y gagneraient quelque chose », explique Mme Prégent.

Elle constate un désintérêt de l'école envers les arts et ce n'est pas qu'une question de budget. La comédienne se dit tout simplement convaincue que « cela doit être remis au programme ». 

« Personne ne va t'embaucher parce que tu as fait du théâtre au secondaire, convient-elle. Sauf que cela nous apprend un langage et une façon de voir le monde. »

Elle déplore ainsi le fait que l'école ne forme plus des citoyens éclairés, mais des employés. Pourtant, les Québécois sont friands d'art, affirme-t-elle, en citant une enquête Léger publiée le mois dernier au sujet des arts et des artistes.

Le sondage montre que 65 % des Québécois pensent que le financement des arts et de la culture est un investissement et pas seulement une dépense. De plus, 78 % des Québécois pensent qu'il est important ou très important que l'État finance les arts et la culture au Québec.

BUDGET

D'ailleurs, les bonnes nouvelles budgétaires en provenance d'Ottawa ont eu l'heur de plaire à Sophie Prégent.

« On sent un intérêt qu'on n'avait même plus au gouvernement fédéral. Les dernières années ont été très difficiles. J'ai rencontré Mme Joly. Je pense qu'elle a les mêmes préoccupations. Je sens qu'on va pouvoir avancer », croit la présidente de l'UDA.

Par contre, elle semble se résigner quand on lui parle du financement des arts par le gouvernement du Québec. Le printemps n'est clairement pas arrivé de ce côté.

« Je ne m'attendais pas à des surprises du budget. Avec les crédits d'impôt, j'avais le sentiment qu'on avait étiré l'élastique au maximum l'an dernier. Le contraire m'aurait étonnée. C'est le statu quo, à peu de choses près. »

La présidente de l'UDA souhaite donc rencontrer rapidement le nouveau ministre de la Culture, Luc Fortin. Elle déplore que tout soit à recommencer encore une fois de ce côté.

« On avait une bonne relation avec Hélène David. J'ai compris pourquoi la politique est si dure. Il faut recommencer du début, on ne peut jamais avancer concrètement. C'est beaucoup d'énergie pour peu de résultats. »

DIVERSITÉ

Autre grand questionnement à l'UDA, le peu de présence à l'écran et sur la scène des membres issus de la diversité culturelle reste au centre des préoccupations.

« C'est difficile, mais ce n'est pas vrai qu'il n'y a pas d'acteurs de la diversité. Je suis contente qu'Irdens Exantus ait remporté le prix de meilleur acteur de soutien [au Gala du cinéma québécois, pour son rôle dans Guibord s'en va-t-en-guerre], mais il faut faire mieux. Il faut marteler ce discours pour éveiller les consciences du public et dans le milieu. »

Elle souligne les présentations récentes de Fredy et de Race au théâtre en concluant que ça progresse, même s'il manque « encore de volonté et de ce désir d'aller vers l'autre ».

Pas de pénurie de volonté chez Sophie Prégent, de toute évidence.