«Il ne faut pas regarder ce qui a été détruit mais ce qui peut être préservé et reconstruit», clame la légendaire rockeuse américaine Patti Smith, qui participe vendredi et samedi à des concerts-débats à Paris à l'occasion de la conférence mondiale sur le climat.

«Il n'est jamais trop tard pour améliorer les choses», dit à l'AFP la chanteuse et poétesse new-yorkaise, qui sera sur la scène du Trianon avec le chanteur de Radiohead, Thom Yorke, mais aussi de militants tels Bill McKibben (fondateur de l'ONG 350.org), l'altermondialiste canadienne Naomi Klein ou l'écologiste indienne Vandana Shiva.

«On se réveille tous les jours vivant, avec un nouveau souffle, alors il faut toujours penser à ce qu'on peut faire, maintenant. Si tu es sur une plage et que tu vois du plastique que les oiseaux pourraient manger, rammasse-le! Il n'y a aucun effort inutile pour améliorer notre environnement», poursuit Patti Smith, 68 ans, veste noire et longs cheveux gris, installée aux côtés de sa fille de 28 ans, la musicienne Jesse Paris Smith, coorganisatrice de ces concerts-conférences à l'occasion de la COP21.

L'objectif de ces soirées n'est pas tant de créer des débats - «on ressent tous la même chose» face aux enjeux climatiques - mais mêler des intervenants d'horizons et aux «vocabulaires» différents, ajoute l'icône rock.

«Les musiciens veulent parfois s'engager mais ne savent pas trop comment faire et les experts veulent parfois parler à d'autres gens que leur public habituel», précise à ses côtés Jesse Paris Smith, qui a tenu à maintenir les concerts malgré les attentats du 13 novembre à Paris.

«C'était si important de continuer, à la fois pour délivrer notre message mais aussi parce que la ville a sans doute encore plus besoin de voir les gens venir et apporter leur soutien», dit-elle.

«On a tant de bons amis ici, c'est une belle manière de montrer sa solidarité», reprend Patti, une habituée de la capitale française, où elle était encore fin octobre pour trois concerts débordant d'énergie à l'Olympia.

«Chanter» et «apprendre»

Dénoncer la politique de George Bush et l'intervention américaine en Irak ou soutenir les Pussy Riots: la New-Yorkaise s'est souvent engagée dans sa carrière pour des causes politiques.

Mais la dégradation de l'environnement semble aujourd'hui l'interpeller plus que tout: «Vous arrivez parfois sur une plage où il est interdit de se baigner, à cause de bactéries ou autres, vous allez pêcher et vous tombez sur un grand panneau: «Ne pêchez pas cette espèce de poissons parce qu'il y a trop de mercure»...»

Une cause pour laquelle, selon elle, il est possible de dépasser les clivages: au-delà de la politique, des religions ou de l'économie, «c'est la seule chose sur laquelle on peut tous être d'accord: nous voulons de l'eau propre, nous voulons de l'air propre, nous voulons un environnement sain pour nos enfants», explique Patti Smith, pour qui les artistes doivent aussi «prendre part à cette discussion».

Un combat «écolo» qu'elle est ravie de voir porté par sa fille. «Très jeune, cela a commencé avec le recyclage, elle me disait: «Ne jette pas ce papier, ça doit être recyclé!» Elle a été très rapidement intéressée par l'environnement et je suis fière d'être ici pour chanter mais aussi écouter et apprendre des différents intervenants...»

Patti Smith est «pleine d'espoir» sur les résultats à attendre de la COP21, qui réunit jusqu'au 11 décembre au Bourget 195 pays avec pour objectif d'établir un accord universel pour contenir le réchauffement de la planète. Même si elle reconnaît que son pays, les États-Unis, «n'a pas toujours montré le bon exemple» sur ce sujet.

Sur le climat, comme sur le «contrôle des armes», «qu'est-ce qu'il va falloir pour que les gens comprennent enfin?», s'interroge-t-elle, faisant référence à la fusillade meurtrière de mercredi à San Bernardino en Californie, qui a coûté la vie à 14 personnes.