Depuis trois ans, la subvention ministérielle de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) a diminué de près de 4 millions, selon ce qu'a appris La Presse.

Au cours de cet épisode «d'effort budgétaire», selon l'expression du ministère de la Culture, 27 postes à temps complet ont été abolis. Le public a aussi subi des contrecoups, alors que des services aux citoyens ont été revus à la baisse.

En plus de réduire ses dépenses administratives, la direction a décidé de fermer la Grande Bibliothèque les lundis. Et ce n'est pas faute de popularité. L'institution, inaugurée au printemps 2005 dans le Quartier latin de Montréal, jouit d'un grand achalandage. Elle reçoit chaque année près de 2,5 millions de visites.

Mais ceux qui s'y rendent font face à des horaires plus restreints qu'au moment de son ouverture. La section Actualité et nouveautés ferme désormais à 22h plutôt qu'à minuit, l'Espace jeunes dit bonne nuit aux petits à 20h plutôt qu'à 22h et les portes ferment à 18h les vendredis.

«Quand le gouvernement investit dans une bibliothèque, il investit dans sa société. BAnQ et la Grande Bibliothèque offrent des services à différentes clientèles, dont les nouveaux arrivants, les familles, les personnes handicapées, et j'en passe. Ce n'est pas juste du divertissement, c'est aussi de l'éducation, de la culture et de l'information», rappelle Lucie Dion, vice-présidente de l'association Les amis de BAnQ.

«La Grande Bibliothèque est une institution qui est fréquentée par toute la population, et pas seulement par l'élite. En diminuer l'accès, c'est en partie couper dans notre futur», ajoute-t-elle.

En coulisse, certains sont inquiets et se demandent pourquoi «on punit toujours le succès au Québec». D'autres craignent le prochain budget provincial, où de nouvelles coupes pourraient tomber.

La subvention ministérielle qu'a reçue BAnQ en 2014-2015 totalise 49,9 millions de dollars. Cette somme, qui diminue depuis trois ans, représente 80% de ses charges institutionnelles, soit les salaires, l'entretien, le loyer, les taxes, la sécurité et ses autres obligations, nous a-t-on expliqué.

«Au coeur des priorités» de Québec

Questionné par La Presse à savoir si de nouvelles coupes attendent BAnQ dans un avenir rapproché, le ministère de la Culture s'est montré prudent. «C'est dur à dire, car je ne sais pas ce qui s'en vient dans le prochain budget», a répondu Philip Proulx, attaché de presse de la ministre Hélène David.

«Pour le moment, les efforts qui leur étaient demandés ont été annoncés et ont été faits. [...] Il y a une réflexion qui se fait partout, pour voir comment on peut changer [certaines pratiques] pour faire des économies», a-t-il précisé.

Des investissements liés à des projets spécifiques sont aussi injectés dans l'institution, «qui demeure au coeur des priorités gouvernementales», dit-il. Dans le cadre du plan numérique, dévoilé plus tôt cet automne, près de 5 millions sont réservés à BAnQ dans divers projets.

Entre-temps, la société d'État tente «d'accroître ses revenus autonomes», nous a expliqué sa porte-parole, Claire-Hélène Lengellé. «Pour ce faire, nous avons recours aux commandites et à la philanthropie pour financer certaines activités. Nous augmentons les contrats de location des espaces disponibles, les tarifs du stationnement et nous chargeons désormais des frais d'inscription pour le camp de jour.»