L'humoriste Dieudonné suscite de nouveau la controverse en France. Vendredi soir, il a fait remettre au négationniste de l'Holocauste Robert Faurisson, condamné à plusieurs reprises par la justice, un «prix de l'infréquentabilité et de l'insolence», sur la scène du Zénith à Paris, durant son spectacle «J'ai fait l'con».

La ministre française de la Culture Christine Albanel ainsi que le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) ont exprimé leur consternation et leur indignation dimanche devant la «provocation».Devant plusieurs milliers de spectateurs, Dieudonné a fait monter sur scène l'ancien universitaire en demandant au public de l'applaudir et l'a embrassé. Un des techniciens de l'humoriste, déguisé en déporté juif et porteur d'une étoile jaune sur la poitrine, a remis un trophée «de l'infréquentabilité et de l'insolence» à Robert Faurisson, qui nie l'existence de l'Holocauste.

«Je vous remercie parce que je n'ai pas du tout l'habitude de ce genre d'accueil, (...) je suis supposé être un gangster de l'histoire», a lancé l'ancien universitaire qui a affirmé qu'il était «traité dans son pays en Palestinien», comme le montre une vidéo dans le site Internet YouTube.

«Je ne suis pas d'accord avec toutes ses thèses», a affirmé Dieudonné au Journal du Dimanche.

«Il nie par exemple la traite des esclaves organisée depuis l'île de Gorée, au large de Dakar. Mais pour moi, c'est la liberté d'expression qui compte», a-t-il dit, résumant sa prestation à «une performance humoristique, de l'art contemporain».

La ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel, s'est déclarée, dimanche, «consternée» après «l'invitation sur scène par l'humoriste controversé Dieudonné du négationniste Robert Faurisson». Pour Mme Albanel, «cette provocation heurte et blesse à nouveau les mémoires», a rapporté le ministère.

Dans un communiqué, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) dit avoir accueilli avec «effroi et dégoût (...) l'immonde et insoutenable provocation».

«Cet acte est une offense calculée qui vise à blesser la mémoire des victimes du nazisme», a-t-il ajouté en disant étudier les suites judiciaires appropriées à cet acte relevant «de l'indécence absolue».

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) dénonce, de son côté, une «mascarade odieuse» qui «fait honte à notre pays». Dans un communiqué, le CRIF dit attendre des «démocrates qu'ils dénoncent avec vigueur cette collusion nauséabonde du mensonge et de l'extrémisme» et «demande que l'argent public cesse de subventionner les salles où se produit le multirécidiviste Dieudonné».

L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a également fait part de son indignation. Il s'agit d'une «énième provocation de Dieudonné», estime l'UEJF, pour qui l'humoriste «ne fait qu'asseoir ses positions» par «cette poignée de main avec Faurisson, qui fut condamné à plusieurs reprises pour 'contestation de crime contre l'humanité'».

«Assister à un spectacle de Dieudonné, c'est participer à un meeting d'extrême droite», a jugé Raphaël Haddad, président de l'UEJF.

En juillet 2007 notamment, la Cour d'appel de Paris avait confirmé le jugement condamnant Robert Faurisson à trois mois d'emprisonnement avec sursis et 7500 euros d'amende pour des propos tenus en février 2005 sur une chaîne de télévision iranienne niant l'extermination des Juifs par les Nazis.