Le 10e État d'urgence de l'Action terroriste socialement acceptable (ATSA) aura lieu du 26 au 30 novembre dans la place Émilie-Gamelin au centre-ville. Toujours urgent et nécessaire, l'événement solidaire, fondé par les artistes Annie Roy et Pierre Allard, viendra une fois de plus ébranler le confort et l'indifférence des Montréalais au sujet de l'itinérance.

«On ne réglera pas le sort de la pauvreté, déclare une Annie Roy lucide. Ici le rôle de l'art, marié à un contexte concret d'entraide directe, est une plateforme rassembleuse qui nous renvoie tous à une réflexion profonde pour que ce problème d'exclusion cesse sa croissance continue.»Porte-parole de l'événement cette année, François Avard a profité de la conférence de presse pour dénoncer la «répression dont sont toujours victimes les sans-abri à Montréal». L'une des actions de l'ATSA, cette année, sera d'ailleurs de distribuer aux passants de fausses contraventions pour les sensibiliser à la réalité des sans-abri.

«Il y encore trop d'itinérants qui reçoivent des contraventions parce qu'ils se trouvent dans l'espace public, explique Bernard Saint-Jacques du RAPSIM (Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal). Mais les autorités commencent à se rendre compte que la judiciarisation n'est pas une solution parce que, simplement, les sans-abri sont sans le sou. Il faut plutôt encourager le logement social.»

Droits de l'homme

Associée à Amnistie internationale, la soirée d'ouverture de l'État d'urgence, le mercredi 26 novembre, s'articulera autour du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

«Il y a 30 millions de réfugiés sur cette terre, souligne Béatrice Vaugrante, d'Amnistie internationale. Il y a un lien solidaire important entre ces personnes sur la route et ceux qui sont dans les rues ici.»

Cirque, musique et cinéma en plein air seront au menu de cette première soirée éclectique. Les activités commenceront à 16h en présence du maire de Montréal, Gérald Tremblay. Un film sur l'État d'urgence 2007 et Le ring d'Anaïs Barbeau-Lavalette seront également projetés.

Tout au long de l'événement, également, toutes les disciplines seront représentées. Il y aura du théâtre, de la danse, de la poésie, de la musique, des installations, des expositions et des performances, dont celles de Catherine Major, des Vulgaires Machins, d'Yves Lambert, de la Fanfare Pourpour, et d'un architecte japonais, Kyohei Sakaguchi, qui fabrique des maisons zero yen, c'est-à-dire à partir de matières recyclées.

En plus de nourrir l'esprit, l'État d'urgence offre également aux sans-abri des vêtements, d'une valeur totale de 50 000$, et des repas gastronomiques préparés par les chefs Martin Picard, Normand Laprise et Mousaffa Rougaibi. «Ça va être un happening du c...», conclut François Avard.