Le concours est lancé. Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, est en quête d'un leader, quart-arrière ou encore capitaine pour guider le navire de la métropole culturelle, incluant le Quartier des spectacles, à bon port.

«Ça prend une personne responsable et crédible», a lancé M. Tremblay, hier, lors d'un déjeuner dans le cadre d'un colloque sur la gouvernance culturelle.

 

Ce quart-arrière serait à la tête d'une «très petite équipe», suggère-t-il. La personne désignée serait le premier interlocuteur des gouvernements, de la société civile et du secteur privé pour tout ce qui touche au plan d'action 2007-2017 arrêté l'an dernier lors du Rendez-vous Montréal, métropole culturelle.

Le maire a précisé que la ville resterait responsable des grandes orientations culturelles. Mais il avoue qu'un changement de mentalité à l'interne doit s'opérer.

«La gouvernance culturelle est une priorité, soutient-il. On a fait un bout de chemin. Pour aller plus loin, on a besoin de cette personne.»

M. Tremblay affirme en avoir déjà fait la suggestion à Québec et à Ottawa. Il refuse de se donner un échéancier précis pour trouver la perle rare. Le budget de cette petite troupe d'élite devrait être assumé par tous les ordres de gouvernement.

Le président de Culture Montréal et organisateur du sommet culturel de l'an dernier, Simon Brault, applaudit déjà.

«C'est une bonne chose que quelqu'un s'occupe de la mise en oeuvre du plan d'action, quelqu'un dont on reconnaît la compétence et qu'on appuie, mais il faudra voir, justement, ce qu'en disent Québec et Ottawa», note-t-il.

Gouvernance culturelle

Plusieurs participants au colloque sur la gouvernance culturelle des grandes villes ont d'ailleurs souligné hier l'importance de la concertation entre les promoteurs d'une métropole culturelle.

«Il faut établir la bonne tension entre les partenaires. La culture n'est que du lien social, du vivre ensemble», explique le directeur de l'Observatoire des politiques culturelles de France, Jean-Pierre Saez.

Plusieurs participants ont souligné l'importance des communautés culturelles dans la vie des villes, une diversité pourtant sous-représentée sur la scène publique.

Le professeur français de sociologie politique, Emmanuel Wallon voit également des écueils dans la tendance aux grands chantiers qui ne devraient pas occulter l'importance de la vie culturelle de quartier. L'agenda politique, non plus, ne devrait pas mener le jeu.

«Il faut continuer de promouvoir la liberté de création, de circulation et l'esprit critique pour la construction d'un espace public de qualité. Les grands projets, en soi, ne sont pas mauvais, mais on ne doit pas être collé uniquement au mandat des élus», affirme-t-il.

Jordi Marti, délégué à la culture de Barcelone, avertit que les changements culturels dans une ville peuvent faire en sorte que des citoyens ne s'y retrouvent plus. Et les investissements en culture n'ont pas toujours que des effets positifs.

«À Barcelone, souligne-t-il, l'explosion touristique a créé des tensions dans la ville. La croissance économique affecte également la vie en ville et l'espace public. Il ne faut jamais perdre de vue les citoyens.»