Depuis quelques années on avait l'impression que la chanson québécoise, un peu à l'instar du cinéma d'ici, avait retrouvé l'intérêt de son public. On peut en douter. L'assistance aux spectacles de chanson francophone a chuté de près de 12 % en un an.

Même s'il y a une hausse de l'offre, les chanteurs et chanteuses francophones québécois ont perdu plus de 136 000 spectateurs en un an. À l'inverse, l'assistance aux spectacles de chanson anglophone a augmenté de 10% entre 2006 et 2007. Pour la première fois depuis 2004, l'assistance totale aux spectacles anglophones dépasse même celle des spectacles francophones.

«Cette hausse anglophone était prévisible, explique Claude Fortier, responsable de l'Enquête sur la fréquentation des spectacles au Québec de l'Observatoire de la culture et des communications. Mais on s'explique mal la baisse d'assistance de la chanson francophone. Les gens font peut-être des choix différents et leur budget est limité.»

Les chiffres montrent également que l'augmentation de la popularité de la chanson anglophone n'est pas liée au fait que certains chanteurs francophones chantent en anglais. À l'ADISQ, on qualifie la situation de «très préoccupante» d'autant plus que les ventes de disques au Québec pour les sept premiers mois de 2008 ont chuté de 15 %.

«La baisse du disque affecte le spectacle. Et quand on décortique les chiffres, explique la vice-présidente Solange Drouin, on s'aperçoit que la chanson francophone baisse dans les petites et moyennes salles, alors que normalement celles-ci présentent la relève.»

L'ADISQ demande au gouvernement d'intervenir pour appuyer l'industrie dans ses efforts d'adaptation au numérique. Et même si de grandes tournées anglophones au Centre Bell peuvent faire mentir les données, le milieu fait face à une «spirale descendante» et l'heure est à l'action, selon l'ADISQ.

En fait, l'ensemble des disciplines des arts de la scène québécois ont vu leurs parts de marché passer de 72 % en 2004 à 66 % l'an dernier. Sur la même période, les parts des spectacles venus de l'extérieur du Québec et du Canada ont grimpé de 18 % à 22 %.

L'humour et le cirque n'ont plus la même cote non plus auprès du public. Même si ce genre de spectacle demeure populaire, il accuse une perte de 2,3 % de son assistance en un an. Par contre, la danse connaît une belle croissance avec près de 16% de spectateurs de plus entre 2006 et 2007.

Malgré tout, l'année 2007 a connu des hausses tant pour le nombre de représentations, 2,7 %, l'assistance totale, 1,3%, et les revenus de billetterie, 10,6 %. Les revenus de billetterie totaux ont atteint près de 220 millions en 2007, une hausse de 11% par rapport à l'année d'avant. Il faut ajouter, cependant, que le prix moyen du billet a augmenté de 5% en un an et de 18 % en quatre ans au Québec.

Les trois quarts des revenus de billetterie proviennent des régions de Montréal et de Québec. Outre ces deux régions, c'est dans Lanaudière, le Centre-du-Québec et la Mauricie que l'on retrouve l'assistance par 10 000 habitants la plus élevée.

Les régions périphériques présentent une assistance aux arts de la scène inférieure à celle des autres régions. Cette étude ne démontre donc pas, pour l'instant, que le succès des salles à Laval, Brossard ou Longueuil nuit à celles de Montréal.