L’ensemble Alexandrov, qui se produit sous le nom des Chœurs de l’Armée rouge, sera de passage à la Maison symphonique de Montréal du 26 au 30 décembre pour y donner une série de concerts de Noël.

Le célèbre chœur militaire, dirigé depuis deux ans par Gennadiy Sachenyuk, n’en est pas à sa première visite ici. Selon le producteur et imprésario des Chœurs de l’Armée rouge, Thierry Wolf, l’ensemble s’est produit au Canada pour la première fois en 1961. Il serait venu une dizaine de fois au pays depuis, dans une vingtaine de villes.

Ce sont donc 75 choristes et musiciens russes qui débarqueront à Montréal pendant les Fêtes pour conclure la tournée mondiale de ses 90 ans d’existence.

« Ce sera le dernier arrêt de l’ensemble et la seule ville canadienne à recevoir le chœur, qui voulait revisiter les grandes capitales du monde », précise le producteur Thierry Wolf.

L’ensemble Alexandrov a donné plus de 200 représentations au cours de cette tournée, qui s’est notamment arrêtée en France, en Italie, en Roumanie, en Turquie, en République tchèque et en Chine.

L’ensemble interprétera des chants de Noël en russe, en français et en anglais, en plus des pièces qui ont fait sa renommée. On pense à la chanson traditionnelle Kalinka, mais aussi, nous indique Thierry Wolf, à Katyusha, Les yeux noirs ou Le temps des fleurs, « des pièces qu’à peu près tout le monde peut siffloter en pensant qu’il s’agit d’un air de son pays ».

Isabelle Boulay comme invitée

Isabelle Boulay se joindra au chœur pour quatre chansons. C’est Luce Rozon qui a soumis l’idée à Thierry Wolf, qui travaille avec l’ensemble depuis 30 ans.

« J’ai eu l’occasion de croiser Isabelle en France au début de sa carrière et j’apprécie beaucoup la qualité de cette artiste. Quand le chef Gennadiy Sachenyuk l’a entendue chanter, il a tout de suite été d’accord. » 

Vous savez, l’ensemble aime partager la scène avec des vedettes locales, donc on est vraiment heureux qu’elle chante avec nous.

Le producteur Thierry Wolf, à propos d’Isabelle Boulay

Les choristes, parmi lesquels figurent le vétéran Valery Gavva, Vadim Ananiev (surnommé Mister Kalinka) et le jeune Maksim Maklakov, seront entourés de musiciens qui joueront de plusieurs instruments du pays, que ce soit la balalaïka (luth), le bayan (accordéon), le basson ou le cor.

Sublimer la tragédie

Ce sera également l’occasion de souligner un autre événement (tristement célèbre), survenu il y a trois ans. Le 25 décembre 2016, 65 choristes, dont le chef et directeur artistique de l’époque, Valéry Khalilov, ont péri dans un accident d’avion, quelques minutes après le décollage de leur appareil, près de Sotchi, en Russie. Les Chœurs se rendaient en Syrie pour un concert destiné aux troupes russes basées à Lattaquié. Ils devaient passer le Nouvel An avec eux.

« Ça a été un drame pour tout le monde, nous dit Thierry Wolf, parce que dans cet ensemble, il y a aussi des familles, donc les membres survivants ont perdu des collègues, mais aussi des parents ou des frères. Mais vous savez, l’ensemble est né dans la détresse, il a été dans les champs de bataille et il a réussi à sublimer cette tragédie. C’est sa grande force. »

De nouveaux chanteurs ont été recrutés et l’ensemble, qui compte 350 membres, s’est tranquillement reformé. Depuis l’accident, les Chœurs de l’Armée rouge rendent hommage aux victimes de l’écrasement à chacun de leurs concerts en chantant la pièce Quand passent les cigognes (tirée du film du même nom). « C’est une chanson qui évoque l’âme des soldats », nous dit l’imprésario.

À l’origine, l’ensemble fondé en 1928 chantait l’histoire de l’Armée rouge et célébrait ses héros (l’armée bolchévique, qui a mené la révolution de 1917). Plus tard, il devait chanter pour remonter le moral des troupes pendant la Seconde Guerre mondiale. Depuis la fin de la guerre, il porte aussi le nom de son premier chef, Alexandre Alexandrov, qui a dirigé l’ensemble jusqu’à sa mort en 1946.