Dans les années 80, John Adams a imaginé Harmonielehre, fusion transcendée des principes harmoniques du compositeur et théoricien autrichien Arnold Schoenberg et de procédés compositionnels de Steve Reich, Philip Glass et Terry Riley.

Or, on ne se trouve ni dans le minimalisme américain ni à l’école de Vienne ; on est ici dans l’éclosion d’un langage orchestral d’exception.

Conçue en trois mouvements, cette œuvre charnière puise aussi dans les réformes postromantiques d’un Gustav Mahler en fin de parcours ou d’un Jean Sibelius.

Est-il besoin de préciser que cette esthétique composite de John Adams s’inscrit parfaitement dans l’univers de Kent Nagano ?

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Californien de naissance, le maestro a ainsi mené l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) à l’exécution magistrale de cette œuvre d’un Californien d’adoption, issu de la même génération que lui et dont l’idée d’Harmonielehre fut déclenchée par un rêve surréaliste dans lequel il roulait sur le pont reliant San Francisco à Oakland ; il aperçut un pétrolier à la surface de l’eau pointant vers le ciel et… décollant !

IMAGE FOURNIE PAR DECCA/UNIVERSAL

The John Adams Album, par Kent Nagano et l’Orchestre symphonique de Montréal

Cette œuvre fabuleuse est précédée de Common Tones in Simple Time, très proche de Steve Reich, et suivie par Short Ride In a Fast Machine, plus proche de Philip Glass.

Cela étant formulé, affirmons sans ambages que John Adams a une personnalité qui lui est propre et une œuvre tout aussi marquante que celle de ses aînés minimalistes.

Ce que l’OSM et Nagano soulignent dans l’une de leurs exécutions les plus réussies des dernières années ; on se souviendra du concert exceptionnel essentiellement consacré à John Adams en novembre 2017, dont témoigne cet opus.

★★★★

MUSIQUE CONTEMPORAINE. The John Adams Album. Kent Nagano/Orchestre symphonique de Montréal. Decca/Universal.