Avec 31 concerts en salle, des spectacles extérieurs – dont la grande soirée d’ouverture au Parc olympique – et plusieurs activités spéciales, la huitième Virée classique, qui se déroule du 7 au 11 août, est un véritable marathon pour les musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal. En particulier pour le clarinettiste André Moisan, qui a jusqu’à quatre concerts le même jour !

« C’est un défi costaud que de passer de concerts avec orchestre symphonique à des concerts de musique de chambre et à des ateliers, mais c’est un rush total de plaisir pour nous ! s’exclame le musicien. On jouit d’une grande proximité avec le public. C’est pour les gens qu’on fait ça. »

Très enthousiaste, André Moisan était pourtant sceptique quand le projet est né, il y a huit ans. « Moi et d’autres musiciens, on doutait un peu du succès de la Virée. Puisque ça se déroule durant les vacances, on se demandait s’il y aurait du monde. Nos doutes se sont dissipés dès le départ et la popularité de l’événement va en crescendo d’année en année ! »

La nouvelle édition débutera mercredi alors que l’OSM interprétera le Requiem de Verdi sous la direction de Kent Nagano, avec quatre solistes et 400 choristes. Un concert offert gratuitement au Parc olympique à 20 h. « Jouer à côté du stade, avec une vue grandiose autour de nous, c’est extrêmement inspirant », explique le musicien qui sera cette année spectateur du concert d’ouverture. 

Je dois dire que le Requiem est un coup de cœur pour moi. Je pense que ça va marquer l’histoire de la Virée !

André Moisan, à propos du concert d’ouverture de la Virée classique

Si les musiciens professionnels connaissent souvent très bien le répertoire qu’ils joueront durant l’événement, ils doivent redoubler d’efforts pour atteindre à une cohésion de groupe. « On ne peut pas juste connaître nos partitions individuelles. On doit répéter pour être prêts à tout jouer ensemble et pour offrir l’émotion juste durant chaque concert. »

Créer la magie

L’émotion est d’ailleurs au cœur du travail d’André Moisan, qui a créé l’ensemble InSpirations il y a cinq ans, avec l’organiste Jean-Willy Kunz, la tromboniste Hélène Lemay, le contrebassiste Frédéric Alarie et le percussionniste Paul Picard, qui a joué pour Céline Dion. « Durant une fête de Noël, j’ai entendu Jean-Willy improviser au piano, et je me suis rendu compte qu’il était aussi bon en jazz qu’en classique, ce qui est assez rare chez les organistes. Ça m’a donné envie de créer un groupe et j’en ai parlé aux autres. »

Lors de leur première répétition, la magie a opéré. « Le feu a pris et il y a encore des braises aujourd’hui ! Dès les premières notes, on avait tous les larmes aux yeux. On était impressionnés de se faire prendre au jeu des qualités sonores. Le groupe peut aller tant dans la subtilité que dans la puissance, autour de l’orgue. »

Avant de prendre part à une tournée en Chine en septembre prochain, l’ensemble offrira un concert iconoclaste le 10 août à 15 h 15. Il s’agit d’une courtepointe musicale dans laquelle les spectateurs entendront du jazz, du classique, de la musique klezmer, du folklore des Balkans et des nuances hispanisantes. « On a mis du temps à trouver le fil invisible qui relie toutes nos pièces. Au final, il s’agit de notre énergie contagieuse. »

Oser la découverte

N’hésitant pas à dire que chacun des membres sort de sa zone de confort, André Moisan invitera lui-même les spectateurs à découvrir un instrument peu connu : la clarinette basse. « En jazz, il existe deux ou trois grands interprètes de clarinette basse, mais longtemps, elle n’a pas été considérée comme un instrument virtuose. Ça change peu à peu. »

Si la clarinette basse est souvent sous-estimée et un peu cachée à l’arrière de l’orchestre, elle n’en demeure pas moins un instrument qu’il aime sans retenue. « C’est un son qui sort d’un écrin de velours. Je la comparerais à un ténor qui possède une voix extrêmement chaude et puissante. Elle peut être à la fois lumineuse et extrêmement sombre. »

Toujours le 10 août, les mélomanes pourront aussi voir le musicien à l’œuvre avec une clarinette basse, ou une clarinette, lorsque l’OSM donnera son concert De Prokofiev à Glenn Miller (à 13 h), exécutera La valse de Ravel et le Concerto pour orchestre de Bartók (à 19 h 15), ainsi que le Concerto no 3 pour piano de Beethoven, avec le pianiste Herbert Schuch (à 21 h).

Quelques semaines plus tard, les musiciens de l’OSM amorceront leur dernière saison sous la direction musicale de Kent Nagano. « Ça va être très touchant, mais étant donné qu’on a encore 12 mois devant nous, on va jouir de chacun des moments. Et le connaissant, ce ne sera pas notre dernière collaboration. Nous ferons d’autres projets de temps en temps. La relation est super bonne. »

Kent Nagano dirigera son dernier concert à titre de chef et directeur musical de l’OSM en août 2020.

Consultez le site de la Virée classique