L'Halloween, la mort et des concerts avec des films muets pimentent les prochains jours de la programmation de l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM). À commencer par Nosferatu le vampire, film accompagné à l'orgue par Thierry Escaich, que La Presse a joint à Paris.

Un vent d'épouvante frappe la Maison symphonique qui, ces prochains jours, aura des allures de château peu fréquentable peuplé d'ombres sinistres.

Ça commence demain soir, 30 octobre, avec le récital Les horreurs de Dracula dans lequel on projettera le film muet Nosferatu le vampire (1922), de Friedrich Wilhelm Murnau, accompagné à l'orgue Pierre-Béique par l'organiste et compositeur Thierry Escaich.

«L'orgue se prête bien pour une telle projection parce que c'est un petit orchestre», dit M. Escaich, joint à Paris. 

«[L'orgue] possède le côté symphonique d'un orchestre, mais aussi des sons modernes, proches des synthétiseurs. De plus, il y a cette symbolique mystique de l'instrument à laquelle on ne peut échapper.»

Tant M. Escaich que Marianne Perron, directrice de la programmation musicale de l'OSM, rappellent que des orgues, et non seulement des pianos, se trouvaient dans de nombreuses salles de cinéma au début du XXe siècle pour accompagner la projection de films muets. «Ils font partie de la tradition», assure Mme Perron.

Préparation minimale

Comme lors de son premier passage à l'OSM il y a deux ans, alors qu'il avait joué à l'orgue pour accompagner le film Metropolis de Fritz Lang, Thierry Escaich arrive avec un minimum - assumé - de préparation.

«Je connais à peine le film. C'est la première fois que je vais improviser sur sa projection, dit-il. Comme je l'ai fait avec Metropolis, je le verrai trois fois auparavant. Une fois comme un public normal. Une deuxième en analysant davantage certaines scènes pour en connaître le mouvement, la construction et la psychologie des personnages. Et la troisième fois pour en faire une révision et ne plus avoir de doute en me retrouvant devant l'instrument.» 

«Au concert, je n'aurai pas de notes. Rien ne sera écrit. Par contre, en répétition, alors que je serai seul devant l'instrument, je penserai à certains plans sonores afin de déterminer les couleurs musicales appropriées aux actions des personnages.»

Marianne Perron rappelle que depuis quelques années, l'OSM développe les liens entre musique et images. Dans ces concerts, la musique doit cependant rester prépondérante, insiste-t-elle. «Nous ne ferons pas de concerts avec des interventions ponctuelles de l'orchestre. Dans les films choisis, la musique n'est pas accessoire. Si le film dure 90 minutes, l'orchestre joue 90 minutes.»

Outre Les horreurs de Dracula, la programmation 2018-2019 de l'OSM compte trois autres soirées, à court et à moyen terme, où l'on célébrera l'Halloween, le mois des morts (novembre) et le cinéma muet en noir et blanc. Les voici.

Atmosphères d'Halloween

Atmosphères d'Halloween s'inscrit dans les séries habituelles de l'OSM. «Mais on tient compte du fait que nous sommes dans la semaine de l'Halloween et du début de novembre», dit Marianne Perron. Ça se reflète dans le choix des pièces, à savoir Atmosphères de Ligeti, une oeuvre mystérieuse, faite de vagues sonores et qu'on a entendue dans le film 2001, l'odyssée de l'espace, L'apprenti sorcier de Paul Dukas, qui est à l'origine du film FantasiaTotentanz (Danse macabre) de Liszt, le Concerto pour la main gauche de Ravel et Le mandarin merveilleux de Bartók. Le chef français François-Xavier Roth en sera à sa première direction de l'OSM. Le pianiste Bertrand Chamayou sera le soliste invité.

Les 31 octobre à 20 h, 1er novembre à 10 h 30 et,  en formule Express, à 19 h.

Les lumières de la ville

Au cours des dernières années, l'OSM a travaillé à deux reprises avec le chef américain Timothy Brock pour la présentation de concerts avec des films muets, Le cuirassé Potemkine et Les temps modernes. M. Brock est réinvité pour la projection d'une autre oeuvre de Charlie Chaplin, Les lumières de la ville (City Lights). «C'est un spécialiste de ce répertoire, souligne Mme Perron. D'un film à l'autre, nous demeurons dans cette même période de richesse culturelle propre à l'entre-deux-guerres. Et voir le film en écoutant l'orchestre lui donne une dimension très différente. C'est une expérience unique de partage alors que les spectateurs rient et réagissent.»

Le 6 novembre à 20 h.

The Artist

La projection de The Artist, film oscarisé de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin et Bérénice Bejo, marque l'entrée de l'OSM dans l'année 2019. Elle s'inscrit dans la foulée des projections de films muets et en noir et blanc. Mme Perron souligne que l'oeuvre est en soi un hommage au cinéma américain des années 20. «Dina Gilbert, qui a été notre chef assistante (2013-2016), va diriger l'orchestre, dit-elle. Dans le cadre de ses études en direction musicale à l'Université de Montréal, elle s'est intéressée aux liens entre musique et cinéma.» Rappelons que la musique du film a été composée par Ludovic Bource. Lorraine Desmarais, «une amie de l'OSM», dit Mme Perron, sera au piano.

Le 8 janvier à 20 h.

Photo fournie par l’OSM

L'organiste et compositeur Thierry Escaich