De concert avec l'Orchestre Métropolitain sous la direction du chef australien Nicholas Carter, le Quatuor Molinari créera à la Maison symphonique un Concerto pour quatuor à cordes et orchestre du compositeur Samy Moussa - un point culminant pour les célébrations du 20e anniversaire de ce quatuor internationalement réputé.

L'ensemble montréalais, fondé en 1997 par la violoniste Olga Ranzenhofer en hommage à l'artiste visuel Guido Molinari - qui en a d'ailleurs créé le logo -, explore depuis lors le répertoire pour quatuor à cordes des XXe et XXIe siècles, en plus de commander des oeuvres dans le monde entier (avec un intérêt particulier pour les canadiennes) et de favoriser des rencontres originales entre artistes d'horizons différents. 

On se souvient notamment des concerts donnés aux côtés de l'auteur-compositeur-interprète Philippe B en 2012, autour du répertoire de l'excellent opus Variations fantômes.

«Après 20 ans d'existence, les gens nous font confiance. Au cours de notre saison 2017-2018, nous avons eu de très belles salles; chaque fois, de nouveaux visages sont apparus devant nous. Très stimulant!», explique Olga Ranzenhofer, fondatrice du Quatuor Molinari.

La violoniste reconnaît que le choix des oeuvres est déterminant dans l'atteinte du résultat. «Dans cette optique, nous ratissons large: nous choisissons les grands compositeurs, de Maurice Ravel à John Zorn, que nous enregistrerons d'ailleurs l'automne prochain. Quant aux créations d'oeuvres, elles passent notamment à travers notre concours international; nous déballons actuellement une centaine de partitions issues de 26 pays.»

En octobre dernier, la musicienne s'est présentée à l'Elbphilharmonie d'Hambourg, en Allemagne, afin d'y recevoir le prix Echo Klassik, remis au Quatuor Molinari pour son album consacré à Kurtag, choisi dans la catégorie «meilleur enregistrement de musique de chambre des XXe et XXIe siècles».

Jouer avec un orchestre

Pour cette programmation 20e anniversaire, Olga Ranzenhofer avait préalablement contacté l'Orchestre Métropolitain avec le projet d'une création. La direction artistique de l'OM a estimé que l'occasion était belle. Des concerts avec orchestre symphonique, cela ne se produit pas souvent pour un quatuor à cordes, indique notre interviewée.

«Aux débuts du Molinari, nous avions joué deux fois avec l'OSM sous la direction de Charles Dutoit. Il faut dire que le quatuor comptait alors des membres de l'OSM - Sylvie Lambert, violoncelle, David Quinn, alto, Ingrid Matthiessen, violon. L'ensemble est resté stable pendant 11 ans, après quoi il y a eu des changements de personnel.»

Aujourd'hui, le Quatuor Molinari est composé d'Olga Ranzenhofer, violon, Frédéric Lambert, alto, Pierre-Alain Bouvrette, violoncelle, Frédéric Bednarz, violon, qui donnera son dernier concert demain; le violoniste Antoine Bareil le remplacera pour la suite des choses.

Mais d'abord, il faut atteindre ce point culminant du 20e anniversaire!

«Le Concerto pour quatuor à cordes et orchestre de Samy Moussa est beau et accessible. Le public aimera, car cette oeuvre comporte de magnifiques couleurs orchestrales et de grandes qualités rythmiques.»

«Bien sûr, précise-t-elle, il y a les considérations de projection dans la rencontre entre un quatuor à cordes et un orchestre d'environ 75 musiciens; on ne peut faire dans la douceur, la transparence, le jeu pianissimo. Mais puisque la partition de Samy Moussa est très bien écrite et prévoit un maintien des équilibres, j'ai pleinement confiance que ça se passe très bien.»

Le quatuor comme instrument

D'origine montréalaise, Samy Moussa mène une carrière importante à l'échelle internationale, à commencer par l'Allemagne, où il est établi. On lui doit la Symphonie Concordia, exécutée l'an dernier par l'OSM dans le contexte du 350e anniversaire de Montréal. 

De passage au Québec pour la création de son Concerto pour quatuor à cordes et orchestre, «une pièce d'un seul tenant», il en précise davantage la nature sans pour autant vouloir en identifier les référents esthétiques. «Ce que j'ai tenté d'accomplir dans cette oeuvre, c'est utiliser le quatuor comme s'il s'agissait d'un seul instrument et non de quatre individus. Dans ce contexte, les notes sont différentes pour chaque instrument, mais sont énoncées dans le même rythme. Enfin... ce n'est pas ainsi du début à la fin, mais la pièce est conçue autour de cette idée d'unité.»

En ce qui a trait à la relation entre le quatuor et l'orchestre symphonique, Samy Moussa dit avoir conçu une forme de «partenariat»:

«Parfois, l'un parle et parfois, l'autre parle. Plus précisément, l'orchestre parle presque toujours, le quatuor parle seul pendant un petit moment. Il y a des alternances, mais ce n'est pas vraiment un jeu d'oppositions. C'est un jeu de complémentarité.»

Pour un 20e anniversaire, la complémentarité et le partenariat ne sont-ils pas de mise?

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À la Maison symphonique, demain, 19 h 30.

Programme 

Four Sea Interludes, Benjamin Britten

Concerto pour quatuor à cordes et orchestre (création), Samy Moussa

L'étoile noire (Tombeau de Borduas), François Morel

Tableaux d'une exposition, Modeste Moussorgski, orchestration symphonique de Maurice Ravel

Photo Olivier Jean, La Presse

Le compositeur et chef d'orchestres Samy Moussa (au centre) entouré des membres du Quatuor Molinari: Olga Ranzenhofer et Frédéric Bednarz (à gauche) ainsi que Pierre-Alain Bouvrette et Frédéric Lambert (à droite)