L'Orchestre philharmonique de New York a dévoilé mardi soir sa saison 2018-2019, sous la direction musicale du Néerlandais Jaap van Zweden, qui mettra à l'honneur les immigrants et célébrera la «musique de conscience».

La nouvelle saison du philharmonique de New York proposera cinq premières mondiales et mettra clairement l'accent sur le militantisme et l'apport des immigrants à la ville de New York. À l'heure de «l'Amérique d'abord», cette programmation artistique apparaît comme un pied de nez au programme politique de Donald Trump.

«Nous savons tous que New York est une ville d'immigrants et c'est notre fierté et notre force», a prévenu Deborah Borda, présidente de l'Orchestre philharmonique de New York.

Et Jaap van Zweden, le tout nouveau directeur musical de l'Orchestre, d'abonder dans ce sens. «J'ai appris à connaître la ville de la rue, là d'où je viens, je dirais. Et c'était formidable», a expliqué celui qui étudiait à Manhattan, se remémorant ses matchs de foot à Central Park avec des Mexicains et des Portoricains.

Parmi les oeuvres qui évoqueront l'immigration, Fire in My Mouth, de la compositrice Julia Wolfe. Une première mondiale racontant l'incendie de l'usine Triangle Shirtwaist en 1911.

Les flammes avaient causé la mort de 146 travailleurs, la plupart des femmes migrantes, faisant de cet incendie le plus meurtrier de l'histoire de la ville.

Dans la série «musique de conscience», plusieurs oeuvres seront jouées, symboles de luttes sociales ou politiques. Eroica de Beethoven, pièce que le compositeur avait d'abord dédié à Napoléon avant de lui retirer, Chamber Symphony, écrite par Dmitri Chostakovich alors qu'il surmontait une pression intense de la part des autorités soviétiques et Symphony No.1 de l'Américain John Corigliano, évoquant l'épidémie de sida.

Autre nouveauté pour cette saison 2018-2019, le philharmonique cherche à rajeunir son public en proposant des concerts à cinq dollars, dirigés par M. Van Zweden.

L'objectif est d'amener «des personnes qui, normalement, ne viendraient pas au philharmonique, en partie parce qu'elles n'ont jamais été invitées», a avancé Deborah Borda, à la tête de l'Orchestre depuis moins d'un an.

Des concerts d'une heure réservés notamment aux enseignants, aux personnels de secours et à ceux liés au service public.

L'institut situé à Manhattan veut aussi, à sa façon, lutter contre le manque de représentativité féminine. La première mondiale choisie pour ouvrir la saison sera une oeuvre d'Ashley Fure. Cette trentenaire américaine a salué un «choix très rare et profond» de l'Orchestre philharmonique de New York de soutenir «la voix d'une jeune femme compositrice».