Après avoir dressé les portraits de Philip Glass, John Adams, Arvo Pärt et Ludovico Einaudi, la violoniste Angèle Dubeau et son ensemble à cordes La Pietà s'attaquent à celui du compositeur Max Richter, Britannique né en Allemagne, aujourd'hui âgé de 51 ans.

«Il est important pour moi de choisir des gens qui ont un impact sur notre vie musicale, notre vie culturelle ou même intellectuelle. Max Richter a cette signature essentielle. Mettez-moi 10 secondes de sa musique et je passe le test à l'aveugle. Il porte en lui le bagage des minimalistes et post-minimalistes. Il est dans cette lignée.»

Pour la violoniste, il était donc tout à fait indiqué de l'interpréter et de l'inscrire dans sa série Portrait.

«Il y a un an, je connaissais certaines de ses oeuvres, dont son travail avec Les Quatre Saisons de Vivaldi. Je me suis mise à fouiller dans son oeuvre et... Oh my God ! J'ai réalisé à quel point il était prolifique.»

Du coup, l'interprète montréalaise a estimé que le « terrain de jeu » auquel elle aurait accès était assez vaste pour en faire un résumé succinct, décliné en 16 tableaux sous étiquette Analekta.

«Champion mélodiste, il excelle dans la création d'atmosphères. Ce n'est pas pour rien qu'on lui a demandé d'écrire tant de musiques pour le cinéma ou la télévision. Il peut être lumineux, il peut aussi être sombre. Très rapidement, j'ai conclu que j'avais bien assez, sinon trop de matière pour un album. Je me voyais pouvoir aller directement dans différentes facettes de son oeuvre.»

Avec la collaboration de Richter

L'équipe de production de Max Richter, indique Angèle Dubeau, a étroitement collaboré à la bonne marche du projet. «Son entourage a été extraordinaire. On a répondu à toutes nos demandes. Richter lui-même a été très rapide à nous répondre.»

Sauf exceptions, les musiques de ce Portrait ont été arrangées par Angèle Dubeau et François Vallières ; elles ont été enregistrées en mai dernier à l'église Saint-Matthieu de Beloeil. 

La violoniste et son ensemble ont toutefois fait face à moult difficultés techniques. «Prenons la pièce November, constituée de patterns pianistique, accords décomposés qu'il arpège à sa manière. Lorsque je me suis mise à jouer la partition, je devais régulièrement m'étirer pour ne pas me faire mal, puis je recommençais. Au départ, j'avais le net sentiment que ce n'était pas vraiment jouable pour le violon et... je m'y suis finalement habituée.»

Dans la pièce The Journey, not the Destination, Angèle Dubeau a intégré l'électroacoustique pour la première fois.

«À Thierry Gauthier, j'ai fourni un canevas qui le laissait créer avec ce qui avait été déjà fait par les instruments. L'assemblage des deux dimensions sonores visait une osmose. J'ai d'abord créé l'atmosphère de la pièce avec les cordes tout en prévoyant de l'espace pour l'électronique. Nous avons ensuite marié les deux. Je suis fière de mon coup!»

Nouveau départ

Inutile d'ajouter qu'elle pourrait nous refaire le coup, car sa carrière est loin d'être terminée, même si la boucle de ses longues tournées se bouclera à la fin de 2018, comme elle l'avait annoncé en janvier dernier. Le cycle québécois se conclura à la Maison symphonique les 1er et 2 décembre.

«Ce n'est pas un arrêt, c'est un nouveau départ, martèle Angèle Dubeau. Je vais jouer tout autant et je pourrai apprendre du nouveau répertoire. Je veux avoir le temps d'aller au bout de mes idées, et si j'en demande moins à mon corps, ça pourra durer plus longtemps. Tellement de choses à faire ! Il y a des courants nouveaux à explorer, c'est vivifiant. Tant que ça va m'allumer, je vais continuer. J'ai encore la passion.»

POST-MINIMALISME. Portrait: Max Richter. Angèle Dubeau & La Pietà. Analekta.

Image fournie par Analekta

Portrait : Max Richter, d'Angèle Dubeau & La Pietà

Qui est Max Richter?

Max Richter a une carrière importante dans le monde de la musique contemporaine, particulièrement depuis la sortie en 2002 de l'album Memoryhouse. Enregistrée avec le BBC Philharmonic Orchestra, cette oeuvre composite impliquait musiques instrumentales pour orchestre symphonique, musiques électroniques et fragments de récits échantillonnés. Le compositeur et pianiste a composé ou adapté depuis les musiques de huit albums studio, dont les relectures applaudies des Quatre Saisons de Vivaldi, rendues publiques en 2012 chez Deutsche Grammophon. Il a composé plusieurs bandes originales et pièces uniques pour le cinéma et la télé (Waltz With BashirLa prima lineaThe LeftoversTaboo).

Photo Rahi Rezvani, tirée de la page Facebook de Max Richter

Max Richter a une carrière importante dans le monde de la musique contemporaine, particulièrement depuis la sortie en 2002 de l'album Memoryhouse.