L'Opéra de Montréal présente Otello, de Verdi, dans une toute nouvelle production. L'opéra, l'un des derniers du compositeur, est présenté à partir de ce soir à la salle Wilfrid-Pelletier. Aperçu de l'oeuvre et de la production.

Vengeance, complot et jalousie

Otello, c'est l'histoire d'une sombre machination ourdie par vengeance. Otello, esclave affranchi devenu général de l'armée vénitienne et gouverneur de Chypre, revient sur l'île après avoir vaincu les Turcs. Il promeut Cassio, son enseigne, au rang de capitaine à la place d'Iago. Pour se venger, Iago imagine des stratagèmes pour faire croire à Otello que Cassio veut lui voler sa femme, Desdemona. Cassio et Desdemona subiront les foudres d'un Otello fou de jalousie, ce qui mènera à une fin tragique et sanglante comme on en trouve souvent dans les pièces de Shakespeare... ou à l'opéra!

Verdi le shakespearien

Verdi était un passionné du théâtre de Shakespeare, qui l'a beaucoup inspiré. En plus d'Otello, il a aussi mis en musique Macbeth, Falstaff, et il a entrepris une adaptation du Roi Lear demeurée inachevée. Déjà célébré dans le monde entier, il souhaitait prendre sa retraite après Aida, mais l'éditeur Ricordi et le librettiste Arrigo Boito l'ont convaincu de s'attaquer à la tragédie Othello ou le Maure de Venise («Otello» s'écrit sans h en italien, mais avec un h en anglais et en français; l'Opéra de Montréal privilégie le titre sans h, puisque l'opéra est en italien). Le compositeur a mis huit ans à compléter ce qui constitue son avant-dernier chef-d'oeuvre, juste avant Falstaff, son ultime opéra. Il avait 74 ans lors de sa création en 1887.

Un rôle difficile

Le rôle d'Otello est considéré comme l'un des plus exigeants de tout le répertoire, et rares sont les ténors capables de l'interpréter. Il exige ce que les spécialistes appellent une voix de «ténor héroïque». Parmi ses célèbres interprètes, on compte le regretté Canadien Jon Vickers et Plácido Domingo. À Montréal, c'est le ténor lituanien Kristian Benedikt qui interprétera le rôle. À ses côtés, une habituée de l'Opéra de Montréal, la soprano japonaise Hiromi Omura, sera Desdemona; le baryton grec Aris Argiris sera Iago et le ténor québécois Antoine Bélanger sera Cassio. L'Orchestre symphonique de Montréal sera dirigé par Keri-Lynn Wilson.

Mise en scène

Cet Otello est une nouvelle coproduction de l'Opéra de Montréal et du Pacific Opera de Victoria, mise en scène par la Canadienne Glynis Leyshon. Cette mise en scène sera plutôt traditionnelle, mais stylisée et épurée, sans surcharge d'accessoires, indique Pierre Vachon, musicologue et directeur des communications de l'OdM. Les costumes et les décors nous plongent au XVIe siècle. Un côté moderne est apporté par trois voiles représentant des vaisseaux, avec des projections donnant une facture poétique à l'ensemble.

Otello, Maure sans «blackface»

Le terme «Maures» désigne les populations arabo-berbères d'Afrique du Nord. Traditionnellement, les ténors blancs personnifiant Otello étaient donc maquillés pour avoir le teint basané. Toutefois, avec les controverses qu'a suscitées le «blackface», on abandonne graduellement ce maquillage. Ainsi, le Metropolitan Opera de New York a présenté son premier Otello blanc en 2015. La même décision a été prise à l'Opéra de Montréal.

Le «syndrome d'Othello»

Le saviez-vous? Le personnage d'Othello de Shakespeare n'a pas inspiré que Verdi, mais aussi les psychiatres. Le syndrome d'Othello est un terme utilisé pour décrire la jalousie morbide pathologique et décrit pour la première fois par le psychiatre John Todd dans The Journal of Nervous and Mental Disease en 1955.

______________________________________________________________________________

À la salle Wilfrid-Pelletier ce soir et les 2, 4 et 6 février.