L'Orchestre philharmonique de New York, l'un des ensembles les plus prestigieux du monde, a nommé mercredi le chef d'orchestre néerlandais Jaap van Zweden directeur musical, un poste que ce violoniste connu pour sa maîtrise du répertoire classique occupera à partir de la saison 2018-2019.

Jaap van Zweden, 55 ans, dirige actuellement l'Orchestre symphonique de Dallas et l'Orchestre philharmonique de Hong Kong.

Le Néerlandais a dit que cela ne lui avait pris «qu'une minute» pour accepter cette offre prestigieuse. Il s'est réjoui de faire bientôt partie de ce qu'il a décrit comme «le centre du monde» pour la musique.

«J'ai le sentiment que c'est la plus grosse boîte de diamants et tous les chefs d'orchestre qui montent sur scène ont la charge de façonner ces diamants pour les faire briller au maximum», a-t-il encore dit à l'occasion d'une conférence de presse au Lincoln Center à New York, où se produit l'Orchestre philharmonique.

Jaap van Zweden succèdera à l'Américain Alan Gilbert, qui va prendre sa retraite. Celui-ci a travaillé sur des projets à la fois classiques et modernes, et il a été très actif pour tenter d'étendre l'audience du Philharmonique à travers le monde, grâce à des initiatives de coopération et en s'ouvrant aux nouvelles technologies.

Jaap van Zweden, va devenir le 26e directeur de l'Orchestre philharmonique de New York, sur les pas de grands noms comme Gustav Mahler, Leonard Bernstein, Pierre Boulez ou Kurt Masur.

Bernstein a d'ailleurs joué un rôle majeur dans le lancement de la carrière du violoniste néerlandais: Van Zweden est en effet devenu à 18 ans le plus jeune concertiste du Concertgebouw Orchestra d'Amsterdam.

L'orchestre, alors dirigé par Leonard Bernstein, était en tournée en Europe à la fin des années 1980 quand le légendaire chef d'orchestre, lors d'une répétition de la Symphonie N.1 de Mahler, a voulu entendre le rendu de ce morceau depuis la salle.

Il a alors tendu la baguette au jeune Jaap van Zweden, malgré ses protestations, lui qui n'avait jamais dirigé d'orchestre. Quelques minutes après Bernstein «est revenu et m'a dit que ce n'était pas terrible, mais il m'a dit: «J'ai vu quelque chose d'intéressant et je voudrais m'y intéresser sérieusement»», a raconté le Néerlandais.

Trouver un équilibre

Van Zweden considère que son début tardif comme chef d'orchestre lui a donné un avantage car il comprend mieux ses musiciens. Il a aujourd'hui la réputation d'être un chef d'orchestre exigeant capable de conduire des performances raffinées du répertoire classique de grands compositeurs comme Beethoven, Mozart ou Mahler.

Le chef d'orchestre a toutefois déclaré vouloir trouver un équilibre et s'est montré enthousiaste à propos de morceaux plus contemporains. Il a ainsi souligné que c'était «un luxe» de pouvoir travailler avec des compositeurs encore vivants, qui peuvent offrir de précieux conseils.

«Le problème pour nous les chefs et les orchestres, c'est qu'on ne peut pas demander à Beethoven comment il préfère qu'on joue ses symphonies», a-t-il souri.

Le musicien néerlandais a précisé qu'il quitterait son poste avec l'orchestre de Dallas un an avant ce qui était prévu, puisque ce serait étrange de diriger deux orchestres dans le même pays, a-t-il relevé. Mais malgré la distance il poursuivra son travail avec le Philharmonique de Hong Kong, avec qui il a commencé en 2012.

C'est cette même année que Jaap van Zweden a fait ses débuts avec l'Orchestre philharmonique de New York, pour qui il doit encore diriger plusieurs concerts dans les mois à venir avant de prendre formellement sa position de directeur.

La nomination de Van Zweden intervient après un jeu de chaises musicales entre les grands orchestres du monde. Le Britannique Simon Rattle a été nommé l'an dernier directeur de l'Orchestre symphonique de Londres, quittant le Philharmonique de Berlin où le Russe Kirill Petrenko lui a succédé.

Le Letton Andris Nelsons, devenu célèbre avec l'Orchestre symphonique de Boston et un temps considéré comme un prétendant pour New York, a finalement été engagé par le Leipzig Gewandhaus Orchestra, et le Finlandais Esa-Pekka Salonen, qui a longtemps dirigé le Philharmonique de Los Angeles, lui aussi pressenti pour New York, a préféré se concentrer sur ses propres travaux plutôt que de diriger un ensemble.