Nous voilà en haute saison JSB, cette période de l'année où le Festival Bach propose aux mélomanes montréalais 26 événements en orbite autour du fameux compositeur : concerts, danse/théâtre, classes de maîtres, conférences.

Jusqu'au 17 décembre se produisent donc des musiciens d'ici et d'ailleurs, tels l'ensemble allemand Akamus, l'Orchestre de chambre McGill, l'OSM, le Studio de Musique ancienne de Montréal et la pianiste Zhu Xiao-Mei.

«Quel musicien d'aujourd'hui n'a pas étudié Jean-Sébastien Bach? L'accent est mis sur Bach dans notre festival, mais il y a tant à imaginer autour du compositeur. Toute la musique qui vient après Bach a quelque chose à voir avec lui. On peut l'associer à ses contemporains de l'époque baroque comme Telemann ou Vivaldi. On peut aussi le lier aux compositeurs des époques subséquentes, car ils l'ont souvent évoqué. Prenons l'exemple de Brahms: fasciné par la musique de Bach, il avait transcrit pour piano main gauche la Chaconne tirée de la Partita pour violon seul no 2. Et il y a du Brahms à notre horaire», explique la directrice artistique du Festival Bach, Alexandra Scheibler.

DES ENSEMBLES RÉPUTÉS

Cette musicienne et musicologue originaire de Cologne a lancé le Festival Bach en 2005. Après avoir été bisannuel jusqu'à 2009, son festival est maintenant présenté chaque année à la fin de la période automnale. Et il se maintient essentiellement grâce au mécénat et à un financement privé.

«Ce n'est pas un festival baroque, tient à préciser la directrice artistique, car tout n'y est pas joué avec des instruments anciens. Les Variations Goldberg, par exemple, seront interprétées au piano. Elles pourraient même être jouées au synthétiseur, vous savez!»

Les artistes étrangers occupent près de la moitié de l'horaire du Festival Bach, estime la directrice artistique. «Nous avons accueilli l'ensemble Europa Galante, d'Italie, qui a joué à guichets fermés samedi dernier. De Berlin, l'ensemble baroque Akamus se produira deux fois. D'Afrique du Sud, Kristian Bezuidenhout est un maître du pianoforte, une vraie star de l'instrument. Je m'inquiète que les gens ne se rendent pas à ce concert, croyant que le pianoforte est un clavecin. Ce serait dommage, car le programme, l'interprète et la musique sont incroyables. Vous savez, il est très difficile de faire venir des ensembles aussi réputés à Montréal.»

APPROCHE LARGE

La proposition du Festival Bach est déclinée dans une variété de contextes. «Il est important pour nous de tenir le festival dans de grandes salles, mais aussi des lieux plus intimes. Certains concerts s'adressent au grand public; d'autres sont destinés aux mélomanes plus avancés, et nous avons même pensé à un concert pour enfants, imaginé par le jeune chef Nicolas Ellis pour l'Orchestre symphonique de l'Agora.

«Dans l'esprit de Bach, nous offrons bien sûr des récitals d'orgue. Ainsi, nous présentons Andrew Dewar, qui a gagné le concours d'orgue de Montréal, et nous rendrons hommage à Bernard Lagacé, 85 ans, un musicien québécois très important. Le chant choral est aussi important: pour la troisième fois, nous présentons La nuit des choeurs, qui s'adresse à toute la famille. Il est important de ne pas être étroit.»

Quatre concerts du Festival

Akamus

Dimanche 22 novembre, Maison symphonique; mardi 24 novembre, cathédrale Christ Church

«De Berlin-Est, cet ensemble existe depuis trois décennies. Akamus se spécialise dans la musique baroque et la musique ancienne. Ces 15 musiciens se produisent avec des instruments anciens; les cordes sont jouées avec archets baroques. Akamus est déjà venu en 2009. Ce fut très, très bien! Depuis, je rêve de leur retour à Montréal», explique la directrice artistique Alexandra Scheibler.

Studio de musique ancienne et Ensemble Caprice

Vendredi 27 novembre, Maison symphonique

«Du Studio de musique ancienne, Christopher Jackson devait codiriger ce programme avec Matthias Maute. Gravement malade, il a désigné Andrew McAnerney pour le remplacer et... il est mort en septembre. Ce très beau programme comprend le Concerto brandebourgeois no 4 de Jean-Sébastien Bach, mais aussi le Magnificat pour voix et orchestre de Carl Philipp Emanuel Bach et deux oeuvres de Handel, soit l'Hymne pour l'hôpital des enfants trouvés et l'Ode pour l'anniversaire de la reine Anne. La grande soprano Shannon Mercer sera mise en valeur.»

Zhu Xiao-Mei

Mardi 1er décembre et jeudi 3 décembre, salle Bourgie

«La pianiste chinoise jouera les Variations Goldberg. Cette sexagénaire fut une enfant très douée. À l'âge de 8 ans, elle était déjà impressionnante. Elle jouait partout, puis survint en Chine la révolution culturelle, raconte Alexandra Scheibler. Tous les conservatoires ont été fermés, l'adolescente ne pouvait plus jouer et a été placée dans un camp de rééducation. Secrètement, elle a trouvé le moyen de jouer. À la fin des années 80, elle s'est rendue aux États-Unis. Sa carrière internationale a commencé tard; elle était dans la quarantaine. Et elle adore Bach, car sa musique l'a aidée à survivre.»

Arion Orchestre Baroque

Samedi 5 décembre, basilique Notre-Dame

«Pour ce programme, la pièce principale est le Magnificat de Jean-Sébastien Bach. L'interprétation de cette oeuvre sera très spéciale, car les solistes en interpréteront aussi les parties chorales, ce qui n'est pas fait souvent, explique Alexandra Scheibler. Le programme de cette soirée est allemand (Bach, Kuhnau, Telemann) et regroupe de très bons solistes sous la direction d'Alexander Weimann. Nous sommes très heureux d'avoir ce formidable ensemble montréalais pour notre concert de clôture.»