En 20 ans, les membres de Quasar ont eu du souffle. Ils ont multiplié les concerts, les formules, les expériences et les créations d'oeuvres nouvelles. Le quatuor de saxophonistes montréalais souligne ce soir ces deux décennies avec un concert au Gesù, où les spectateurs suivront les musiciens dans trois salles différentes.

Depuis sa fondation en 1994, l'ensemble a créé plus d'une centaine d'oeuvres, principalement de compositeurs d'ici. Marie-Chantal Leclair, son conjoint Jean-Marc Bouchard, son frère Mathieu Leclair et leur ami André Leroux se sont connus à l'université alors qu'ils étudiaient leur instrument avec René Masino. Tous les mercredis matin, les étudiants faisaient du quatuor à la salle Claude-Champagne.

«Ça faisait partie de notre formation, raconte Marie-Chantal Leclair. Le quatuor est la formule idéale pour le saxophone, parce qu'on a le plaisir de jouer en groupe avec la complicité que ça implique, mais sans être anonyme comme au sein d'un grand orchestre.»

Après leurs études, il allait de soi qu'ils allaient continuer. Ainsi est né Quasar, qui a décidé dès sa fondation de se consacrer à la musique nouvelle et qui a donné son premier récital au Monument-National en 1994. Ils avaient alors joué entre autres une oeuvre de Tim Brady et créé Quatre inventions, de Denis Gougeon.

Vingt ans plus tard, l'ensemble est en nomination dans cinq catégories au prochain gala des Prix Opus du Conseil québécois de la musique, et finaliste pour le Grand Prix du Conseil des arts de Montréal.

Expériences musicales

Quasar aime varier ses pratiques instrumentales, allant de l'improvisation au théâtre instrumental en passant par l'électro. Mais la création de nouvelles oeuvres demeure toujours une priorité pour le quatuor.

«On entend souvent des musiciens dire: "Ah, si j'avais pu travailler avec Beethoven!" En créant de nouvelles oeuvres, on a le privilège de travailler avec des compositeurs vivants, et de développer le répertoire et le vocabulaire de notre instrument. C'est ce qui nous passionne», affirme Marie-Chantal Leclair.

D'autant plus que la technologie ouvre des portes à la création.

«On aime la musique électro et la musique mixte, c'est-à-dire le saxophone mêlé à la musique électronique. Les possibilités sont vraiment fascinantes. Auparavant, on jouait tout simplement sur un fond de sons électroniques, mais maintenant, les sons des instruments évoluent et sont transformés en temps réel par un ordinateur.»

Ils s'aventurent aussi du côté du théâtre instrumental - lequel n'a rien à voir avec le théâtre musical traditionnel.

«Il n'y a pas de comédiens. C'est un concert mis en scène et en espace qui évoque quelque chose de théâtral. Mais il n'y a pas nécessairement d'histoire: le spectateur a la liberté de le voir comme il le veut.»

Le concert de ce soir, 20 ans portés par le souffle, se déroule en trois parties dans trois lieux différents du Gesù. Les spectateurs seront donc invités à se déplacer. Le tout commence dans l'église avec Incantation, une pièce de Jean-François Laporte pour trompe-sax, un instrument inventé par le compositeur.

«Cette pièce a du succès chaque fois qu'on la joue. Tant les gens qui ne connaissent rien à la musique que ceux qui ont postdoctorat en musicologie peuvent l'apprécier», dit  Marie-Chantal Leclair.

Tout le monde se dirigera ensuite vers la salle d'exposition du Gesù pour du théâtre instrumental avec Le Carrefour du sax II, une oeuvre de Michel Smith où les saxophonistes déambulent d'une station à une autre dans l'espace selon un chronométrage très précis.

«Pendant cette pièce, les spectateurs ne peuvent pas voir tout en même temps. Ils choisissent où ils veulent être et peuvent aussi se déplacer pendant que nous jouons», explique la musicienne.

La troisième partie du concert se déroulera dans la salle de concert avec des oeuvres de Walter Boudreau, Philippe Leroux et Claude Vivier. Il s'agit du premier concert de la saison hiver-printemps du Carrefour des musiques nouvelles Le Vivier, qui s'est récemment installé en résidence au Gesù.

Au Gesù ce soir, 20h.