Pro Musica ouvrait sa 66e saison lundi soir en retournant à cette salle Maisonneuve où elle présenta ses concerts pendant plusieurs années avant son passage «obligatoire» à la Maison symphonique. C'est encore à Maisonneuve (ce lieu appelé improprement «théâtre») que PM donnera son prochain concert: 20 octobre, Quatuor Belcea. Et pourtant, elle sera de retour à la Maison symphonique le 15 novembre pour le duo violon-piano Leonidas Kavakos-Yuja Wang.

Pourquoi ce remue-ménage? Une explication claire serait appréciée. En attendant, nous voici de retour à Maisonneuve, cadre chaleureux, intime, élégant et chargé d'histoire, mais à l'acoustique un peu feutrée par rapport à la transparence de la Maison symphonique.

On a fait à Maisonneuve la réputation de «mauvaise salle». Et pourtant, celui qui vous parle se rappelle y avoir vécu des expériences exceptionnelles qui transcendaient toute considération d'ordre acoustique. Pourquoi? Parce qu'il y avait sur scène une âme qui vibrait et à laquelle on vibrait aussi, où que l'on fût placé.

Cette fois-ci, il n'y avait pas d'âme. Le Trio Wanderer (français malgré son nom allemand), ensemble bien connu à l'échelle mondiale et entendu plusieurs fois ici, s'est retrouvé devant un auditoire très mince - 500 personnes environ (PM corrigera si nécessaire) - formant une masse compacte à gauche du parterre. Partout ailleurs, des rangées vides. Rien pour inspirer les visiteurs. À l'entracte, on s'interrogeait. Pourquoi si peu de monde? Est-ce le programme? Y a-t-il trop de concerts? Les billets sont-ils trop chers? Comment se fait-il que certains concerts font salle comble? Toute une enquête à entreprendre...

L'unique Trio de Fauré ouvre la soirée. Très «français» comme musique. C'est-à-dire bavard et plutôt vide. Bien écrit, certes, mais ennuyeux. Je me rends compte que c'est la troisième fois que j'écris «ennuyeux» à propos du Trio de Fauré. J'en conclus qu'il n'y a rien à tirer de ce texte. Au surplus, les musiciens ne montrent aucun engagement particulier: cordistes simplement corrects, pianiste un peu faible même.

Passons à Schubert: le bref Notturno destiné, semble-t-il, à un trio resté inachevé. Ici, un peu plus de substance. Hélas! les musiciens se maintiennent au premier degré, comme dans le Fauré.

L'irrésistible et très long Trio de Tchaïkovsky monopolise l'après-entracte. On se dit qu'il va enfin se passer quelque chose, tant cette musique déborde de lyrisme, d'émotion et de passion. Le Wanderer nous donne en effet un peu de tout cela. Mais trop peu, et par petites séquences isolées. La grande ligne n'y est pas. Le violoniste et le violoncelliste jouent juste, aucun doute là-dessus, mais ne parviennent pas à convaincre, et les nombreuses erreurs du pianiste assombrissent le discours.

Il y a quand même ovation - chose courante en cette ville - et les musiciens se hâtent d'ajouter un petit Dvorak en rappel.

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TRIO WANDERER - Vincent Coq (piano), Jean-Marc Phillips-Varjabédian (violon) et Raphaël Pidoux (violoncelle). Lundi soir, salle Maisonneuve, Place des Arts. Présentation: Société Pro Musica.

Programme:

Trio en ré mineur, op. 120 (1923) - Fauré

Notturno en mi bémol majeur, D. 897 (c. 1828) - Schubert

Trio en la mineur, op. 50 (1882) - Tchaïkovsky