De lourds nuages gris pesaient sur l'horizon tandis qu'un vent digne du mois de novembre transperçait les manteaux des spectateurs. Ils étaient tout de même au moins 40 000 au rendez-vous de l'OSM et des 1500 choristes pour entendre Carmina Burana, de Carl Orff, hier soir à l'esplanade du Parc olympique.

Après une courte introduction de l'animateur Charles Lafortune, les patients spectateurs - dont certains avaient attendu des heures pour s'assurer de bonnes places - ont enfin pu entendre O Fortuna, le premier et certes le plus célèbre mouvement de Carmina Burana. La marée de choristes, tous vêtus de noir, était impressionnante à voir et à entendre.

Après deux mouvements, le ténor Marc Hervieux s'est emparé du micro pour traduire les paroles et expliquer les mouvements à venir. Si elle rompait momentanément le charme de la musique, cette initiative était tout de même la bienvenue, car l'ensemble de l'oeuvre et sa signification n'étaient sans doute pas familiers à tous les spectateurs. Pour bien des gens, Carmina Burana, c'est avant tout l'air si connu que l'on a entendu tant de fois au cinéma, en particulier dans Excalibur. Marc Hervieux allait revenir par deux fois entre les grandes parties de l'oeuvre. Ses interventions, bien écrites et rendues avec classe, ont été appréciées.

Avec un nombre aussi élevé de choristes, on aurait pu craindre des décalages, mais dans l'ensemble, les attaques et les rythmes ont été remarquables d'unité. On pouvait difficilement s'empêcher de frissonner devant les vagues sonores fluctuantes d'autant de voix réunies, surtout dans les passages forte. Quel plaisir d'apprécier la verve mélodique et l'inventivité rythmique de Carl Orff dans un contexte aussi grandiose!

Les solistes

Trois solistes étaient présents. Le jeune ténor Antonio Figueroa, voulant trop en faire et forçant sa voix, en a perdu la maîtrise à quelques reprises dans Olim lacus colueram. Trevor Scheunemann, baryton, était plus solide malgré de légères imperfections.

C'est la magnifique voix de soprano d'Aline Kutan qui a remporté la palme. Dans ce qui est peut-être le plus beau mouvement de l'oeuvre, In trutina mentis dubia, elle a été renversante. Ce fut malheureusement le moment choisi par une lointaine ambulance pour déclencher sa sirène, mais on eut le réflexe d'ajuster immédiatement le son en conséquence et la beauté du moment n'en fut pas totalement gâchée. Ces pollutions sonores font partie des inconvénients des concerts en plein air avec lesquels il faut bien composer.

La finale, avec Ave, formosissima et la reprise d'O Fortuna, a été triomphale. Malgré l'insistance de la foule qui a longuement applaudi l'orchestre et les choristes, lesquels agitaient les mains comme les passagers d'un paquebot sur le point de partir, il n'y a pas eu de rappel.

Il s'agissait du troisième concert de l'OSM au Parc olympique. Dans l'ensemble, une belle réussite et un spectacle rodé au quart de tour, même si l'on regrette un peu l'ambiance plus festive et bon enfant des années précédentes.

Photo: Olivier Pontbriand, La Presse

Les quelque 1500 choristes, tous vêtus de noirs, étaient impressionnants à voir et à entendre.