Brillante personnalité de l'orgue, à la fois interprète et pédagogue, James David Christie, rondelet Bostonien de 62 ans et apôtre de la musique française, avait consacré à celle-ci le récital qu'il présentait à la série dominicale de la Basilique Notre-Dame.

De l'heure sans entracte allouée à chaque invité, M. Christie réserva les 25 dernières minutes, soit près de la moitié, à la rare Symphonie en si bémol mineur, op. 5, d'Augustin Barié.

Né en 1883 et mort jeune, en 1915, Barié dédia «à mon maître et ami Louis Vierne» cette oeuvre en cinq mouvements de forme cyclique. L'austère diptyque d'entrée comprend en effet un prélude et une fugue à quatre voix dont le thème, entendu dans les deux volets, revient dans le rêveur Adagio et plus tard dans le tumultueux Allegro final, après un naïf Intermezzo sans lien avec le reste.

Maîtrisant complètement les claviers et les ressources sonores du Casavant de Notre-Dame, M. Christie traduisit la Symphonie de Barié avec la plus convaincante éloquence. Au départ, il avait fait un choix original, l'une des très rares auditions précédentes de l'oeuvre, sinon la seule, en cette ville, ayant été celle d'Antoine Reboulot à l'Oratoire à l'été 1985.

Cette présentation d'il y a 30 ans revêtait un caractère historique. En 1946, Reboulot avait succédé à son professeur André Marchal comme titulaire de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, cette même tribune où Marchal avait créé en 1922 la Symphonie de son ami et prédécesseur Barié. Fait à noter, les trois organistes, Barié, Marchal et Reboulot, étaient aveugles.

M. Christie lança son récital avec une éclatante Sortie du franckiste Guy Ropartz mettant en valeur les pleines caractéristiques, mais aussi les détails, d'un orgue symphonique. Les célèbres Litanies de Jehan Alain reçurent une lecture vigoureuse mais peu imaginative quant à la registration. Le reste du programme était plutôt banal. Comme Augustin Barié, M. Christie avait tout dit en 25 minutes...

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JAMES DAVID CHRISTIE, organiste. Dimanche soir, Basilique Notre-Dame (orgue à traction électropneumatique Casavant (1890-1991); 92 jeux, quatre claviers manuels et pédale).