C'était en 2012. Hélène Grimaud et Yannick Nézet-Séguin jouaient ensemble pour la première fois, avec le Philharmonique de Vienne. Une rencontre musicale et personnelle dont la pianiste française parle comme d'un événement marquant dans sa vie. Ils se retrouvent cette semaine pour les débuts de la musicienne avec l'Orchestre Métropolitain, dans le Concerto no 1 de Brahms.

«Je me souviendrai toujours de cette rencontre avec Yannick comme d'un moment pivot, de ces moments dont on parle en disant qu'il y a eu un «avant» et un «après». C'est un être exceptionnel. Et il m'a parlé de l'Orchestre Métropolitain avec tant de passion, et tellement raconté comment l'orchestre et lui avaient grandi ensemble, que cela m'a vraiment donné envie de jouer avec eux.»

Est-il indispensable pour les solistes de bien s'entendre avec les chefs d'orchestre sur le plan personnel?

«C'est important, mais ce n'est pas absolument nécessaire, dit-elle. Il se peut que l'on n'ait pas de grandes affinités avec un chef et que cela fonctionne quand même bien en concert. C'est ça qui est formidable avec la musique. Mais évidemment, quand il y a des affinités, cela donne une expérience musicale plus fusionnelle.»

Avec les carrières internationales que mènent les musiciens, il n'est toutefois pas évident de recroiser souvent ceux que l'on apprécie.

«J'aime quand même à considérer Yannick comme un ami, même si, dans notre milieu, il est difficile de cultiver des amitiés et de les approfondir. Mais je me réjouis, car nous allons bientôt jouer ensemble plusieurs fois.»

En effet, une semaine après les concerts de Montréal, Hélène Grimaud et Yannick Nézet-Séguin feront une tournée dans trois villes allemandes avec l'Orchestre symphonique de la radio bavaroise. En juillet, ils se retrouveront pour le festival de musique de Vail, au Colorado, avec le Philadelphia Orchestra.

Johannes Brahms est le compositeur préféré de la pianiste, «pour des raisons qui sont difficiles à expliquer», dit-elle. «C'est comme lorsqu'on rencontre une personne et que l'on s'entend bien avec elle; c'est une question de chimie.»

Le Concerto no 1 de Brahms est particulièrement important pour la pianiste. Elle l'a découvert à l'adolescence et enregistré pour la première fois en 1998. Elle l'a enregistré de nouveau l'an dernier, avec le Concerto no 2, cette fois avec le chef Andris Nelsons sous étiquette Deutsche Grammophon.

Elle danse avec les loups

C'est bien connu: Hélène Grimaud a d'autres passions que la musique, dont les loups, l'écriture et la protection de l'environnement. Elle a déjà publié trois livres. En 1999, elle a cofondé le Wolf Conservation Center, un centre pour la sauvegarde et l'étude des loups situé aux États-Unis.

«Au début, cela m'a demandé énormément de temps et je développais moins de nouveaux répertoires pendant ces années-là. Maintenant, je suis ravie de la façon dont le centre a évolué. Quand on crée quelque chose de nouveau, il arrive que cela prenne des directions imprévues, mais ce n'est pas le cas. Nous avons une équipe formidable d'employés et de bénévoles.»

Son amour pour les loups et la nature a nourri son oeuvre littéraire. Son dernier livre, Retour à Salem, a été publié à peu près en même temps que la sortie de son dernier disque de Brahms. Il y est question de Brahms... mais aussi des loups!

«Pour moi, la musique et la nature ne sont pas du tout des mondes séparés. D'ailleurs, la nature est un thème central du mouvement romantique allemand, et elle a inspiré plusieurs de ses oeuvres. En ce qui me concerne, ce sont deux univers qui se nourrissent mutuellement.»

Des étudiants sur scène

En première partie du concert du 13 juin, des élèves du programme de musique classique de l'école secondaire Joseph-François-Perrault, située dans le quartier Saint-Michel, joueront l'Ouverture académique de Brahms sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. Il s'agit d'un concert-bénéfice. Les élèves de cette école, dont 800 font partie du programme de musique, souhaitent qu'une salle de concert multifonctionnelle soit construite près de leur école, une salle qui pourrait servir aux besoins de l'école et de la communauté.

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À la Maison symphonique de Montréal les 12 et 13 juin, 19h30.