Deux ans après l'arrivée dans sa vie de son précieux Stradivarius et un an après la mort de son bien-aimé professeur, Yuli Turovsky, Stéphane Tétreault arrive à une période cruciale de la maîtrise de son art. À 21 ans, toujours très sollicité au Québec, il rêve d'une carrière internationale et donnera ses premiers récitals en France cet été.

«J'ai toujours voulu être un artiste international, dit-il. Je vais certainement aller étudier en Europe quand j'aurai terminé ma maîtrise, et je vais aller rencontrer des professeurs - que j'aime mieux ne pas nommer pour le moment - au cours de la prochaine année. Je dois aussi trouver un agent international.»

Pas question, toutefois, de participer à d'autres grands concours de violoncelle pour le moment.

«J'ai déjà fait pas mal de concours et ça a été formateur. Maintenant, pour développer ma carrière, je veux me concentrer davantage sur les concerts et les disques. Mon premier disque a été bien reçu, il a eu de belles critiques dans les revues européennes. C'est une bonne façon de se faire connaître. Et c'est certain que si j'étudie avec un grand professeur, cela va m'aider non seulement pour l'apprentissage musical, mais aussi pour le réseau de contacts qui vient avec.»

Parmi les mentors potentiels, le nom du violoniste et chef d'orchestre Maxim Vengerov est mentionné. «Je l'ai connu quand il est venu diriger I Musici, puis je l'ai revu quand il a été chef invité au Concours musical international de Montréal, l'an dernier. J'ai travaillé pendant trois jours avec lui et il était intéressé à ce que l'on continue.»

Mais d'ici là, il participera cet été à deux festivals en France: les Flâneries musicales de Reims, en juin, et le Festival de musique de Wissembourg, en août. En janvier 2015, il jouera au Louvre. En plus de la France, il affirme avoir d'autres projets internationaux, mais rien n'est encore confirmé. Ces concerts ne seront pas ses premiers à l'étranger, puisqu'il a joué, il y a quelques mois, au Festival de Mexico.

Nouvel orchestre, nouveau quatuor

Son emploi du temps pour le Québec est aussi bien garni pour les prochains mois. Samedi soir, il dirige l'orchestre Nouvelle Génération, fondé par Yuli et Eleonora Turovsky en 2011, et joue au sein de celui-ci. Ce jeune orchestre de 15 musiciens est formé d'anciens élèves des Turovsky et trois chefs alternent sur le podium: Airat Ichmouratov, Alain Aubut et Stéphane Tétreault.

«C'est Yuli qui m'a initié dès l'âge de 14 ans en me faisant diriger I Musici à plusieurs reprises. Mon but principal reste d'être violoncelliste, mais le fait d'avoir une connaissance de la direction d'orchestre est très utile pour le jeu à l'instrument. On a une vision plus globale de l'oeuvre et il est certain qu'à l'avenir, je vais en faire de plus en plus.»

Autre projet en cours: le Quatuor Turovsky, formé depuis un peu plus d'un an, avec Robert Margaryan (violon), Veronica Ungureanu (violon) et Elvira Misbakhova (alto).

«On y pensait depuis longtemps, mais nous étions tous tellement occupés qu'on ne prenait jamais le temps de le mettre en branle. Quand Yuli nous a quittés, on s'est dit que c'était le moment de le faire, en hommage à lui. Nous avons déjà fait plusieurs concerts et c'est superbe de pouvoir faire de la musique entre amis.»

Soliste en résidence

Mais la meilleure nouvelle pour Stéphane Tétreault cette année est sûrement qu'il sera le premier soliste en résidence de l'histoire de l'Orchestre Métropolitain (OM), la saison prochaine. Cela lui donnera l'occasion de jouer dans deux programmes différents pour un total de 11 concerts. Le deuxième programme, Jardins anglais, sera dirigé par Yannick Nézet-Séguin et donnera lieu à une autre première: une tournée à Ottawa et Toronto pour l'OM au printemps 2015.

De quoi tenir occupé le violoncelliste en attendant de conquérir le monde! Et peut-être aussi... les médias.

«C'est un autre de mes vieux rêves de faire de la radio ou de la télé un jour, dit-il. Si j'ai le temps!»

À venir en 2014

Nouvelle Génération, 7 juin, 20h, salle Claude-Champagne

Quatuor Turovsky, 18 juin, 19h30, Maison Trestler

Festival de Lanaudière, Don Quixote, sous la direction de Jean-Marie Zeitouni, 12 juillet, 19h30, amphithéâtre Fernand-Lindsay

Orchestre Métropolitain, 19 décembre, 19h30, Maison symphonique