On connaît Tateo Nakajima comme acousticien de la Maison symphonique. Mais avant de se convertir en architecte sonore de salles de concert, il a été chef d'orchestre, une occupation à laquelle il ne s'adonne plus qu'une fois par an. Cette année, c'est à Montréal qu'il dirigera, à l'invitation de l'Orchestre Métropolitain, pour un concert sur le thème de Vienne ce soir.

Formé au violon dès la petite enfance, ce natif de Toronto a dirigé plusieurs ensembles européens avant de se joindre à la firme Artec, qui collabore à la réalisation de salles de concert partout dans le monde.

«Quand je fais une salle, c'est important pour moi d'avoir quelques minutes sur scène pour diriger, dit-il. Pour la Maison symphonique, j'ai eu l'occasion de le faire pendant une répétition où Yannick Nézet-Séguin dirigeait ; l'Orchestre Métropolitain m'a ensuite invité comme chef.»

Depuis l'ouverture de la Maison symphonique, en 2011, l'acousticien est revenu à plusieurs reprises pour procéder à des ajustements. Il se dit satisfait du résultat.

«Je trouve que la salle a beaucoup de personnalité sonore et de caractère, et je suis très fier du travail que mon équipe et moi avons fait, dit-il. Je suis content de constater à quel point la communauté de Montréal, que ce soit les musiciens ou le public, profite de sa salle.»

Après Montréal, il a travaillé à d'autres projets, notamment une salle de 1300 places à Aalborg, au Danemark, et une salle de 5000 places à Singapour. Il collabore présentement à plusieurs projets, entre autres en Pologne et au Moyen-Orient.

Mais comment devient-on acousticien ? Il n'y a pas de parcours typique, selon lui.

«Historiquement, le métier vient de trois sources : d'abord les musiciens et chefs d'orchestre, puis les architectes qui s'intéressent aux concerts et, finalement, les ingénieurs et les scientifiques qui se sont intéressés au son et ont amené des connaissances plus objectives dans le domaine.»

Au fil des siècles, les changements économiques et politiques ont fait évoluer le métier vers ce qu'il est aujourd'hui : un mélange entre l'architecture, l'art du design et la science.

«Les salles de concert ont évolué, en partant des salles des palais et des salles de bal utilisées pour l'aristocratie. L'avènement de la bourgeoisie a entraîné la construction de salles plus grandes où cette nouvelle classe sociale pourrait avoir accès à la musique en achetant des billets. Il a donc fallu chercher des moyens pour que le son puisse pénétrer jusqu'aux dernières rangées.»

Vienne

Vendredi soir, le chef dirigera la Symphonie no 73 de Haydn, le Concerto pour hautbois K. 314 de Mozart, Histoires de la forêt viennoise et Annen Polka de Johann Strauss et la Symphonie de chambre no 2 de Schoenberg.

«Ce qui est fascinant dans ce programme, c'est la juxtaposition de plusieurs mondes viennois. On a le monde classique de Mozart et Haydn, l'univers mondain de Johann Strauss et la deuxième école viennoise avec Schoenberg. Toutes ces oeuvres ont les mêmes racines, celle de la grande capitale culturelle d'un empire, et il est intéressant de les écouter dans ce contexte, à travers différentes phases de son histoire, plutôt qu'isolément.»

L'acousticien en lui n'est jamais bien loin quand il monte sur le podium.

«Mon expérience comme acousticien fait en sorte que je suis encore plus conscient de l'espace où je travaille comme chef d'orchestre. De plus, en tant qu'acousticien, j'ai eu l'occasion de travailler avec de grands chefs et cela m'a beaucoup influencé comme musicien.»

Orchestre Métropolitain, à la Maison symphonique ce soir 19h30.