L'Orchestre Métropolitain a dévoilé hier une saison 2014-2015 sous le signe de la découverte pour tous. Au menu: des oeuvres rarement jouées, de nouveaux jeunes chefs invités et des programmes thématiques accessibles. Nos journalistes Claude Gingras et Caroline Rodgers vous en présentent un survol, ainsi qu'un entretien avec Yannick Nézet-Séguin, toujours aussi attaché à son orchestre qu'à ses débuts comme directeur artistique, en 2000.

La relation entre Yannick Nézet-Séguin et l'Orchestre Métropolitain ressemble à une histoire d'amour. Le chef, qui n'avait que 24 ans quand il a commencé à diriger l'OM, en parle avec affection et compte bien y rester encore de nombreuses années.

En 2010, Yannick Nézet-Séguin avait déclaré à La Presse: «Je n'entrevois pas le moment où je vais quitter l'OM.» Quatre ans plus tard, il en est encore au même point.

«En théorie, mon contrat se termine à la fin de cette saison, mais on discute déjà, dit-il. L'OM, c'est important pour moi, au-delà de la fidélité. Cela m'apporte encore musicalement. Chaque fois que je viens, je sens que l'orchestre progresse, qu'il grandit, qu'il joue de mieux en mieux. J'apporte mes expériences prises ailleurs pour le faire évoluer. Tant que ce sera le cas, je ne vois pas pourquoi je partirais. J'ai grandi avec lui. Une telle expérience ne pourra jamais se répéter ailleurs.»

Avant Rotterdam, Londres ou Philadelphie, c'est ici à Montréal, avec l'OM, que le jeune chef a exploré le grand répertoire symphonique. Une quête qui se poursuit notamment, cette année, avec la Symphonie no 10 de Mahler.

«Quand une oeuvre est nouvelle à la fois pour moi et pour l'orchestre, cela fait en sorte que nous développons ensemble notre vision, dit-il. C'est unique. On détermine ensemble comment nous allons l'aborder. Nous sommes au même niveau et je pense que cela donne une électricité, quelque chose de spécial pour le public, de sentir qu'on fait cette découverte ensemble.»

Après 15 ans, le chef a développé une grande intimité et une complicité avec ses musiciens.

«Il y a des choses que je fais avec l'OM qui sont plus faciles à faire que partout ailleurs. Je découvre, grâce à eux, que cette proximité a une valeur. On parle beaucoup de bons chefs et de bons orchestres, mais on parle moins souvent de cette complicité essentielle. »

Quand on se connaît, ça va loin. Se faire comprendre sans même avoir à le dire, c'est génial.»

En plus de progresser musicalement, l'OM a présenté au fil du temps des saisons de plus en plus élaborées.

«Il y a quinze ans, nous donnions six programmes par saison, et l'an dernier, c'était neuf. On essaie toujours d'augmenter. Cette année, nous en avons dix dans la saison régulière, plus les concerts hors-série», dit Yannick Nézet-Séguin.

Berlin

Il y a deux semaines, le chef québécois dirigeait le Berliner Philharmoniker à trois reprises dans la Symphonie no 4 de Mahler. Quelques jours plus tard, le Berliner Morgenpost, un important quotidien berlinois, lui consacrait un portrait et le voyait en candidat potentiel au remplacement de Simon Rattle à la tête du plus prestigieux orchestre du monde. Qu'en dit le principal intéressé?

«Ça a été une semaine de rêve. Les deux premières fois, ça s'était bien passé, mais cette fois-ci, nous avons eu une semaine calme et détendue. La chimie était bonne.»

Il n'en tire pas de conclusions pour autant.

«Tout le monde s'excite parce que chaque fois qu'un jeune chef va à Berlin, on se demande s'il sera le prochain directeur musical. Mais la décision sera prise seulement dans deux ans par un vote à huis clos des musiciens. C'est bien le seul poste de chef au monde sur lequel on ne peut avoir aucune influence politique, et moi, de toute façon, la politique, je me tiens loin de ça. Cela me fait bien rire qu'il y ait autant de spéculations là-dessus dans les journaux.»

Cinq concerts à signaler

Misteur Valaire symphonique

Avant même d'ouvrir officiellement sa saison, l'OM s'encanaille avec le populaire groupe électro-jazz Misteur Valaire, pour une soirée qui s'annonce éclatée avec des orchestrations qui permettront d'aller au-delà du simple accompagnement, a promis Yannick Nézet-Séguin en conférence de presse.

2 octobre, 19h30, église Saint-Jean-Baptiste

Symphonie no 10 de Mahler

Yannick Nézet-Séguin s'approprie graduellement les symphonies de Mahler au fil des années. Montréal est aux premières loges de cette exploration puisque l'Orchestre Métropolitain est le premier ensemble, parmi ceux qu'il dirige, à les expérimenter avec lui. Cette année, il s'offre la grandiose Symphonie no 10 de Gustav Mahler pour compléter ce cycle.

3 et 4 octobre, 19h30, Maison symphonique

Jardins anglais

Premier soliste en résidence de l'histoire de l'OM, le violoncelliste Stéphane Tétreault participera à trois programmes de concerts pour cette saison. Parmi ceux-ci, retenons Jardins anglais, un concert entièrement consacré à la musique britannique avec la Symphonie no 4 de Vaughan Williams, le Concerto pour violoncelle d'Elgar et les Enigma Variations, du même compositeur.

17 avril, 19h30, Maison symphonique

Rêves américains

Ce concert consacré à la musique de l'Amérique fera sûrement des heureux avec des oeuvres bien connues de Bernstein, Copland, Gershwin et Barber. Le Québec n'est pas en reste puisqu'une oeuvre très accessible du compositeur Denis Gougeon, À l'aventure, est incluse au programme. Sous la direction de Jean-François Rivest.

8 mai, 19h30, Maison symphonique

Rolando Villazon

Le ténor Rolando Villazon, certainement l'un des plus en vue de la planète, n'est jamais venu chanter au Québec. À l'occasion de cette première visite, il interprètera des airs de Verdi, Massenet et Mozart, sous la direction de Nézet-Séguin.

21 juin, 15h, Maison symphonique.